Théâtre du Balcon
Avignon

le 31 mai à 15h
puis du 29 au 21 juillet à 18h25

 

 

Portrait d’une femme courageuse à l’extrême

 

La pièce de Stéfano Massini est un violent uppercut qui nous laisse sur le côté le temps de reprendre nos esprits et d’avaler l’air nécessaire pour respirer en paix.

Tout concourt : les lumières bien souvent en pinceau qui éclairent juste le nécessaire, la mise en scène sobre mais d’une précision remarquable, le texte froid et juste, les comédiens que ce soit Caroline Rochefort dont on a toujours apprécié le jeu dans toutes les pièces qu’elle a interprétées et Pierre Berçot qui endosse bien des personnages avec beaucoup de talent, il est plus vrai que nature.

Nous assistons aux derniers reportages d’Anna Politkovskaïa en Tchétchénie zone en guerre, zone de non droit où Anna va être classée non-rééducable, c’est à dire condamnée à mort pour avoir dit l’inverse de la propagande russe. Car il est des lieux où la démocratie n’existe pas et où aucune valeur humaine n’a d’existence.

À Grozny la guerre est finie mais les Russes sont toujours là et Anna est la seule journaliste russe à avoir couvert la guerre. Elle est menacée régulièrement, mais elle poursuit ses enquêtes sur le terrain rapportant les propos de ceux qui, au péril de leur vie, témoignent.

Les deux comédiens dénoncent les exactions de chacun des camps.

Caroline endosse son rôle avec beaucoup de précision, de justesse... On baigne dans une retenue de circonstance, on est derrière les faits, la mort rôde à chaque instant. Mais elle avance, tel un mât au milieu de la tempête, vers une issue à peine voilée, en suspens.

Sur la scène, c’est à proximité du carnage, mais on sent une Anna déterminée prête au sacrifice ultime, on connaît l’issue. Et cette issue nous laisse un moment sans voix.

Que dire d’une pièce pareille, elle ne connaît aucun défaut, tout est mesuré calibré dans une mise en scène au cordeau avec des comédiens dans la perfection du jeu.

Ce sera un immanquable du festival... Quel choc.

Jean Michel Gautier

 

Femme non-rééducable

de Stéfano Massini  traduit par Pietro Pizzuti
Mise en scène Tadrina Hocking

Avec Pierre Berçot et Caroline Rochefort

Lumières Francois Leneveu
Décor Stéphane Duclot
Musique Goyave
Costumes Jullia Allègre