PUISQUE TU PARS
La Fabrik Théâtre
10, Route de Lyon / Impasse Favot
84000 Avignon
04 90 86 47 81
Du 5 au 26 juillet
à 21h10
Relâche les 9, 13, 16, 23 juillet
Volutes denses de fumée blanches, cônes de lumières transversales, blanches elles aussi, sur le sol un coffre ouvert, une pile de disques vinyle en dégueule d’où émerge la pochette iconique de King Crimson, production du rock progressif anglais de 1969. Dans un coin un pied de micro, tout autour de l’espace un cercle de projecteurs automatiques prêts à faire danser les faisceaux, la scénographie nous installe d’emblée dans le monde de la musique, des concerts et de la nostalgie des années 70 et de l’ère glorieuse du rock.
Pourtant c’est un gamin de notre époque qui sort de la brume et s’empare du micro comme on agrippe une bouée, comme le plongeur en eau profonde applique le masque à oxygène sur sa bouche. Et c’est la rage, le malaise, le dégoût, l’envie de tout bazarder, de tout vomir, de piétiner tout ce qu’il ressent comme hypocrisie, sournoiserie, faux sentiments, les « Bonjours ! », les « ça va ? » auxquels personne n’attend de réponse et l’ennui de la vie ordinaire, d’une famille ordinaire, d’une vie ordinaire. Il crève d’ennui ce gamin de 17 ans. Toute cette époque lui fait mal, tout lui paraît faux, les petits arrangements avec la réalité, les mesquineries, les mensonges. Il n’y a que la musique à laquelle il croit. Il n’y a qu’elle qu’il ressent comme vraie. Et en particulier, la musique des icones internationales du rock des années 70, 80… hélas, tous morts. À ses yeux il n’y a plus que Jean-Jacques Goldman comme dernière star du rock.
Ce soir il a décidé de partir, quitter la maison familiale, commencer sa vie, prendre son envol, oui. Et c’est à ce moment-là que débarque son oncle Bruno.
Une cavale à deux, en resquille, auto-stop, bus, métro, train, pieds, c’est ce qu’ils vont vivre, le gamin portant son oncle comme un boulet, un oncle comme une belle caricature du musicos ringard, has been, lourdaud et ado attardé avec son bomber cuir et sa guitare sur le dos et ses vieux rêves de gloire, et ses vieux amis qui l’ont oublié depuis longtemps. Une cavale un peu à la Francis Veber et ses couples improbables, opposés, qui finissent à la fin de l’épopée par se respecter l’un l’autre. Et ces deux-là vont finir par se reconnaître un point commun : les tubes de Jean-Jacques Goldman. Et un but : un concert de leur idole au Festival du cidre du Havre !
Simple et fouillé, le spectacle très musical nous emporte grâce à des éléments de décor minimalistes et une création lumineuse ingénieuse et hyper-performante d’Antoine Travert. Confrontations, aventures, choc des générations foisonnent dans les dialogues précis et souvent drôles qui secouent les deux comédiens qui investissent chacun leurs rôles avec une extrême justesse, à croire qu’ils ne jouent pas mais sont les personnages qu’ils interprètent avec cœur, talent et fraîcheur.
Bruno Fougniès
Puisque tu pars
Texte de Quentin Martin Laprade
Conception Joseph Laurent - Gaspard Martin Laprade - Quentin Martin Laprade
Mise en scène Joseph Laurent
Avec Bruno Bayeux et Gaspard Martin Laprade
Création lumières Antoine Travert
Scénographie et création sonore Gaspard Martin Laprade
Mis en ligne le 8 juillet 2025
DERNIERS ARTICLES