Entête
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UN SONGE D'ERNEST CUCCHERO

 

Théâtre des Corps Saints
76 Place des Corps Saints
84000 – Avignon

à 13h20

Du 2 juillet au 21 juillet 2024

 

Un songe d'Ernest Cucchero loupe 

 

Étrange début que celui de cette pièce écrite par Mathieu Buscatto et qu'il interprète aux côtés de Chloé Renaud. Qu'on en juge : un homme, dans un musée, exige de voir le directeur (enfin, le conservateur, rectifie l'employée à l'accueil) : en bref, il déteste, il vomit, il abomine cet artiste qui est exposé. Pour lui, c'est nul, vraiment nul.

Échanges vifs, donc et puis une complicité s'installe. Ils parlent. Mais une atmosphère "trouble "continue de peser. La suite intrigue également : la même jeune femme rend visite, cette fois, à l'homme du début, Ernest Cucchero, un écrivain en panne, qui n'a rien publié depuis dix ans. On en apprendra davantage sur lui ainsi que sur la relation qu'il a pu avoir, trente ans auparavant avec une femme... qu'il a aimée et un homme, qu'il aurait agressé.

Le chic de Mathieu Buscatto, c'est de semer son texte (riche en souvenirs vrais... ou faux) d'indices qui étonnent quand ils ne se contredisent pas.

Je rêve... ou peut-être que non était le titre d'une pièce de Pirandello. Pirandellien en diable est ce texte qui échappe, quand on croit qu'on l'a saisi... jusqu'à la chute finale, un revirement qui imposerait presque de revoir la pièce pour en apprécier toute la subtilité et le côté retors.

L'auteur-interprète trouve, peu à peu, une certaine liberté dans son jeu.

Il est l'auteur "braqué" attaquant le plus souvent et se défendant maladroitement face à la tranparence de sa partenaire qui évolue (dans ses costumes comme dans son jeu) et fait, par petites touches, avancer l'intrigue vers la vérité, enfin une forme de vérité, vous comprendrez mieux en voyant la pièce.

Que retenir de tout cela : qu'il faut se méfier des apparences, qu'un rêve obéit à une logique qui n'appartient qu'à elle-même et échappe le plus souvent au rêveur lui-même.

C'est du travail honnête : l'intérêt se maintient ; avec deux interprètes "portés" et une mise en scène classique, mais qui fonctionne plutôt bien.

Un spectacle qui interroge aussi, ce qui n'est pas si fréquent, la création et les rapports subtils qu'elle peut entretenir avec la vie du créateur.

Gérard Noël

 

Un songe d'Ernest Cucchero

Texte : Mathieu Buscatto
Mise en scène : Carine Montag

Avec : Chloé Renaud, Mathieu Buscatto

Décor : Jean-Michel Adam
Lumières : Christian Pinaud
Musique : Éric Page