Entête

LES TROIS PETITS VIEUX QUI NE VOULAIENT PAS MOURIR

 

Théâtre du Balcon
38 rue Guillaume Puy
84000 – Avignon
04 9O 85 00 80

à 13h30

Jusqu’au 21 juillet.

Relâche les 11 et 18 juillet

 

Les Trois Petits Vieux qui ne voulaient pas mourir loupe 

 

Un jour comme tous les jours. Ernest, Stanislas et Désiré se réveillent plutôt de bonne humeur, ils se chamaillent bien un peu mais pas plus que d’habitude.

Arrive une lettre : « Aujourd’hui c’est le dernier jour. Votre vie est finie. »’

Les trois petits vieux décident de faire comme si de rien n’était comme s’il n’y a pas eu de lettre, pas de mauvaise nouvelle. Et puis d’abord d’où vient-elle, qui est-ce qui décide, et pourquoi aujourd’hui ? C’est tout simplement impossible. Les trois amis n’ont ‘’absolument pas le temps de mourir’’.

L’auteure néerlandaise Suzanne van Lohuizen également dramaturge et actrice, fait entrer la mort sur la scène du théâtre pour enfants. Elle la fait apparaître non comme une perspective terrible et injuste, mais comme un événement saugrenu, dont l’implacabilité paraît absurde.

Ses trois petits vieux ont toute une journée pour régler leurs comptes avec la vie, faire le bilan de cette drôle d’expérience : les peurs, les chagrins, les bonheurs.

Je ne connaissais pas Suzanne van Lohuizen, ni le Théâtre du Fret. Je connais un peu le théâtre jeune public néerlandais et, paradoxalement, beaucoup mieux son équivalent québécois.

Le théâtre jeune public au Québec est un théâtre extrêmement vivant, inventif, souvent très joyeux et le Théâtre du Fret ne déroge pas à cette règle.

La pièce, Les trois petits vieux qui ne voulaient pas mourir, est présentée sous forme de théâtre de masques mais où les masques et les corps de celles et ceux qui les portent font un.

Les trois personnages font corps avec leurs masques, avec leur personnalité, imaginé par le concepteur de ces masques et c’est là, en plus de la scénographie, de la mise en scène, du texte impeccablement traduit de néerlandais en français, comme des effets de son et de la mise en lumière, que l’on arrive à comprendre le dilemme de ces ‘’vieux’’.

Comment est-ce possible que quelqu’un puisse décider, comme ça, que la mort arrive ? Et c’est là où, par biais du jeu subtil, le jeune spectateur se trouve confronté, d’une façon totalement acceptable et pleine d’humour, à ces propres questionnements autour de la mort.

Qu’est-ce la mort ? Pourquoi meurt-on ? Et quand ? Dans la pièce l’on ne parle pas de celles et ceux qui restent.

Les trois petits vieux ne parlent que d’eux-mêmes dans une sorte de distanciation du reste du monde. Ce qui importe, est ce qu’ils pourront apporter. Dans l’ailleurs inconnu.

Une valise avec des souvenirs ? Un doudou d’avant ? Un objet qui se brise mais cette disparition-là ne cause pas de chagrin ? Plutôt une espèce de soulagement. Quelque chose en moins.

Et toute la pièce est à l’avenant. Des interrogations que tout un chacun pourrait avoir. Les enfants comme les adultes. Un récit qui permet aux parents et aux enfants de discuter de choses graves d’une façon plus légère car toute la pièce est, malgré le sérieux du sujet, d’une drôlerie contagieuse.

Je ne sais pas si Madame van Lohuizen ou le Théâtre du Frêt ont lu Françoise Dolto mais j’ai la vague impression que cette grande dame de la psychologie enfantine aurait été contente de lire et de voir ‘Les Trois Petits Vieux qui ne voulaient pas mourir’.

Peter BARNOUW

 

Les Trois Petits Vieux qui ne voulaient pas mourir

Texte : Suzanne van LOHUIZEN, traduction Marijke BISSCHOP
Mise en scène : Johanna BENOÎT

Avec : Vania Beaubien, Alexandre L’HEUREUX et Isabel RANCIER

crédit photo : Olivier BOCHENEK,