JOURNAL D’UN MALENTENDANT ET SES MALENTENDUS

 

Théâtre de l’Ambigu
Rue de la bourse
84000 – Avignon

Du 7 au 30 Juillet
À 20h30

Relâche les 13,20,27

 

Journal d’un malentendant et ses malentendus loupe 

 

Peut-on mesurer la difficulté et le courage qu’il a fallu à Frédéric Deban, pour nous livrer sa propre histoire en la jouant dans un espace scénique totalement nu ? Une véritable gifle émotionnelle va vous sauter au cœur et vous allez sortir de la salle retournés par tant d’émotion . Il était acteur populaire du petit écran mais depuis cinq longues années, il est isolé dans le silence. En effet, lors d’une banale bagarre, il reçoit de plein fouet une bouteille sur la tête et c’est le dérèglement de l’un de ses sens. Il n’entend plus rien, même plus le son de sa propre voix. Seuls de terribles acouphènes qui, tels un Boeing 747 au décollage, lui tiennent compagnie sans jamais lui laisser de répit. Ce ne seront plus les scènes de théâtre qui jalonneront sa vie, mais les rendez-vous incessants chez les psys et les hôpitaux. Les mots deviennent les maux de sa vie, bercés sur le mince fil de l’espoir qui fait son entrée lorsqu’on lui propose des aides auditives... qui se révèleront inefficaces.

Le violent parfum de la solitude va alors faire partie de son existence. Cet isolement, nul besoin de décor ni d’accessoires pour nous enfermer avec lui dans l’ambiance ouatée du silence qu’il a traversée. La différence est souvent prétexte à l’exclusion, mais celle-ci est invisible. Alors, il se raconte, il nous raconte, d’abord du bout des lèvres auxquelles il a essayé de s’accrocher pour tenter d’en saisir le sens, essayant de tisser des liens différents, de repartir à zéro .

Fou de musique, on écoute tel que lui la reçoit, La Javanaise de Gainsbourg, mais on l’entend version Dard Vador. C’est terrible et tellement frustrant. Le rythme qu’il donne à son récit douloureux nous plonge dans l’effroi mais il n’est pas pathétique. Le trait n’est pas forcé mais construit sur des trames tissées sur le lacet tortueux du chemin parcouru. C’est même parfois drôle et plein d’humour.

Puis un jour, on passe du noir et blanc à la couleur ! Atteindre l’impossible rêve ! Il l’a décidé, il va se faire opérer, l’opération de la dernière chance. C’est le chemin qui le mènera à la victoire...

Il donne une théâtralité à un récit vécu. Il y a plus de sept millions de malentendants en France, il apporte un message d’espérance que seule l’encre du courage et de la ténacité peut écrire. Il en a fait un tremplin de créativité, ses mots sont forts et puissants et l’effet est poignant.

La scénographie et la mise en lumière épousent de manière troublante la charge émotionnelle de ce touchant témoignage, les ombres et éclairages subtils le magnifient, et sculptent ses postures.

Une magnifique pièce qu’il faut aller voir et lentement digérer.

Laissez- vous porter par son récit dont les contours vous surprendront.

Fanny Inesta

 

Du son au silence, récit d’une aventure hors du commun.

 

Tout comme la lumière naît de l’éclairage d’un projecteur, la parole surgit du silence avant de se répandre autour de nous. L’obscurité entoure les mots et délicatement ils nous arrivent aux oreilles pour nous dire, nous toucher. Frédéric Deban ne vient pas chercher de la compassion ni quoi que ce soit, il est là pour témoigner, expliquer comment on vit avec un Boeing 747 en phase de décollage pour compagnon dans la tête. Il veut nous faire comprendre, partager. Il est devant nous à quelques pas, dans les craquements d’un plancher vindicatif, rien sur scène à part une chaise. Il va juste dans un pinceau de lumière nous donner à entendre comment il est arrivé à passer du vacarme au son, comment il a pu s’affranchir d’une situation insupportable à une vie normale grâce à un implant, juste un implant.

Cette errance est poignante, elle nous entraîne dans la vie d’un combattant, d’un Jedi du son, d’un comédien qui a perdu ses outils professionnels et qui un jour sort du cocon dont il est prisonnier pour embrasser la vie avec son lot de sons, de bruits et de mots... ce qui fait la vie en quelque sorte.

Frédéric Deban était un comédien populaire interprète de plusieurs sitcoms sur Tf1 notamment, il était dans la lumière et le bruit jusqu’au jour où il a reçu une bouteille sur la tête et perdu l’audition remplacée par des acouphènes insupportables dans leur violence inouïe.

Le combat est insensé, se retrouver de la lumière des projecteurs à ceux des salles d’opération quel saut, quel choc !

Il va devoir accepter puis lutter pour sortir de cette situation si proche du suicide, si proche du grand saut.

Il a mis des mots sur ses maux, et juste avec ces mots il nous embarque dans son histoire, dans sa lutte, dans son combat, dans sa survie. Car il ne se bat pas que pour lui, il y a tous ceux qui se trouvent dans cette situation de malentendants. Ses mots sont justes, touchants, pleins de poésie et de sourires. On est dans une jolie histoire poignante si bien racontée. On n’a aucune difficulté pour le suivre, l’entendre et l’écouter car il a su habiller les mots et y ajouter la dérision nécessaire. Il nous entraîne dans son récit avec délicatesse, humour et une belle dose de professionnalisme.

Allez le voir et l’entendre c’est un beau moment de théâtre qui se vit dans la proximité de ce lieu très cocooning.

Jean Michel Gautier

 

Journal d’un malentendant et ses malentendus

Un texte de Frédéric Deban et Dominique Lozac’h

Avec Frédéric Deban

Mise en scène : Dominique Coubes
Contact Presse : Dominique Lhote