DALIDA SUR LE DIVAN

 

Théâtre du Verbe fou
Rue des infirmières
84000 – Avignon

du 7 au 31 juillet 2022
À 13h30

 

Dalida sur le divan loupe 

 

Une icône inoubliable

Par Fanny Inesta

Nous avons tous en mémoire l'icône, sa voix inoubliable et l'idole portée en triomphe. Mais les feux de la rampe n'ont pas préservé Miss Égypte, puis celle qui s'imposera avec Bambino. Elle embrassera plusieurs styles, allant jusqu'au twist, le raï, le pop et le disco et un répertoire de plus de sept cents chansons. Nous connaissons tous la femme fragile, passionnée, ses drames et ses faiblesses. Mais derrière son succès d'artiste, où était la femme, qui était-elle vraiment et qu'a-t-on fait d'elle ?

Alain Klingler est psychanalyste.  Elle est dans son cabinet et il va tenter de sonder ses certitudes fragiles, il la questionne, la désarçonne, lui parle d'Orlando, ce frère si présent, cette relation si particulière faite de désir et de rejet. Une succession qui nous plonge dans les parties les plus obscures et les plus lumineuses de son être. Il lui parlera de Youssef Chahine lorsqu'il lui proposera le rôle qu'elle a attendu toute sa vie, dans le sixième jour.

Alain Klingler incarne ce rôle avec conviction. Il a une présence incroyable et un regard qui subjugue et nous hypnotise. Ce dialogue nous ramène à quelque chose d'étrange, de sublime, d'éphémère et d'éternel à la fois lorsqu'il s'agit d'évoquer les affres de la passion. Pianiste, il se met au service du chanteur avec une pureté, une justesse de l'accompagnement, on sent toute l’alchimie et la complicité qui se dégagent d’eux.

Entre le récit de sa vie, s'élève la voix de Lionel Damei. D'une sobriété quasi mystique, beauté et volupté trouvent leur place dans l'espace scénique. Ici, la grâce d'ondulantes odalisques lascives et sensuelles s'offrent à nous. Une vénus qui se fond et se confond avec elle. Joué et chanté par un homme, sans cheveux du reste, nous apparaît une Dalida plus vraie que nature dans une grâce absolue. Un spectacle d'une rare intensité, un résultat à mettre sans doute au crédit d'un travail passionné du chant, de l'harmonie entre la musique les voix et les mouvements du corps.

Un spectacle prodigieux qui nous a transpercé le cœur, le résultat d'une fusion entre les comédiens et l'auteur Joseph Agostini, des dialogues tournoyants devant nos yeux ébahis ; une création raffinée, sobre, tout en délicatesse, une histoire d'amour qui nous rappelle que le désir d'éternité est un réflexe vieux comme le monde subjugué par le jeu, le chant et la musique tout en subtilité et en grâce.

Une envie irrépressible de chanter nous tenaille et spontanément nous avons tous repris en chœur la dernière chanson, un moment hors du temps, une communion où pour un instant, nous étions tous au plus près d'elle.

À réserver sans plus attendre, ce spectacle sera très vite complet.

 

Par Jean-Michel Gautier

Sur la scène deux hommes assis, l'un derrière un guéridon, l'autre derrière un piano, très vite débute une séance de psychothérapie. Et nous voilà  replongés en 1986 quand Dalida va partir pour l'Égypte y accomplir son vieux rêve : jouer dans un film dramatique. Elle a été embauchée par Youssef Chanine le plus grand réalisateur égyptien de l'époque pour tourner dans « Le Sixième Jour »… Son interprétation sera unanimement saluée... même si le film n'aura pas le succès escompté. Mais sous nos yeux les personnages vont évoluer se préciser, l'un est Dalida, la chanteuse toute en introspection, en finesse, poignante et vraie. Elle n'est pas la Dalida du disco, elle est celle qui réfléchit sur sa vie, qui sait analyser ses échecs et surmonter ses pleurs. Celle qui se bat avec son frère à ses côtés dans une relation fusionnelle.

Une Dalida qui nous bouscule, nous dérange dans un premier temps puis qui nous conquiert, nous subjugue. Lionel Damei nous fait oublier qu'il est un homme par sa voix et sa gestuelle, c'est prodigieux. Il a une présence immense. L'autre est son psychanalyste qui l'aide à dévider le cours de sa vie, qui l'aide à avancer dans sa propre connaissance d'elle-même. Alain Klingler est un remarquable clinicien qui a les mots justes et aussi les notes appropriées sur le piano et dans la voix.

Dalida est profonde, marquée par la vie… et quelle vie ! Trois de ses amants se suicideront. Si elle ne fut pas heureuse en amour elle occupera une place d'honneur dans la chanson avec un nombre incalculable de succès qui restent encore de nos jours sur nos lèvres. Dalida c'est plus qu'une chanteuse c'est un mythe, une femme qui a marqué le monde de la chanson de son empreinte indélébile.

Pour arriver à en faire un personnage de théâtre il a fallu tout le travail d'introspection et d'écriture qu'a mené le psychanalyste Joseph Agostini qui nous avouait «  Si je suis devenu psychanalyste c'est grâce à elle ». A suivi le travail d'abord de réécriture de Lionel Damei et Alain Klinger, puis le jeu tout une finesse sur la scène.

Le temps a suspendu son vol tout au long de la pièce, c'est un travail remarquable salué par une salle comble de ses applaudissements chaleureux. Il faudra réserver car cette pièce va avoir du succès.

 

Dalida sur le divan

Avec Lionel Damei : comédien, chanteur, auteur
Alain Klinger : Comédien, chanteur, pianiste, auteur

Regard et mise en scène : Sophie Lahayville et Christophe Roussel
Direction technique : William Burdet
D'après le livre éponyme de Joseph Agostini, adapté pour la scène par Lionel Damei, Alain Klingler et l'auteur.