AU COMMENCEMENT J’AVAIS UNE MÈRE
Espace Roseau Teinturiers
45 rue des teinturiers
84000 – Avignon
du 7 au 30 juillet
à 19h30
relâche le 26 juillet
Dans l’espace intimiste de l’espace Roseau, Gaëlle se livre. Égratignée par la vie, elle a cinq ans et une petite enfance déjà bien chaotique. Mais aujourd’hui, ses parents adoptifs sont là, elle quitte l’orphelinat. Elle ne sera pas sevrée de tendresse, ils l’ont aimée.
Elle en a cinquante aujourd’hui, et un tsunami s’abat sur elle, lorsqu’elle reçoit un document officiel qui lui révèle le nom de sa mère naturelle.
Une ambiance mystérieuse, émouvante qui nous emmène au cœur de ses sensations, de son voyage intérieur, de sa quête à comprendre, à savoir. Un théâtre intimiste et profond où à pas feutrés, tout en délicatesse, Gaëlle raconte, se raconte. Commence un long cheminement pour tenter de la retrouver, savoir enfin, connaître son histoire, ses racines, comprendre pourquoi elle l’a abandonnée.
De recherches en correspondances, le voile du secret se fissure.
Seule sur scène, elle nous offre sa plume de voyageuse de Saint Malo à Londres, nous embarque dans la force de ses mots, le charme de sa prononciation, nous la suivons dans sa rage, sa volonté nous nous engouffrons dans sa lutte intérieure.
Entre espoirs et désillusions qui la conduiront aussi au désenchantement, parviendra-t-elle dans ses multiples détours, à rejoindre les chemins du possible ?
Par une mise en scène maîtrisée et tout en nuances qui aborde un sujet difficile, chaque tranche de vie est posée, identifiée, mémorisée, la cartographie se dessine peu à peu, une vie disséquée au scalpel avec ses moments douloureux et ses émotions. Une histoire qui aborde la question de l’identité où Nathalie Mann apporte beaucoup de tension psychologique dans ce double portrait féminin mère/fille qui suscite chez les spectateurs une vive émotion, une plongée émouvante et bouleversante. Pouvons-nous oublier, accepter ou guérir des choses qui nous blessent ?
La force d’interprétation de Nathalie Mann est grandiose, elle utilise un ton doux et amer, tendre et elle nous transporte dans un tourbillon d’émotions.
C’est une histoire inspirée de faits réels, les mots d’Annick Dufrêne sont remarquablement servis par une Nathalie Mann authentique, lumineuse et bouleversante.
Fanny Inesta
C’est vers l’âge de cinquante ans qu’une femme découvre l’origine de sa naissance par hasard en découvrant des vieux papiers dans une maison. Elle apprend qu’elle a été abandonnée à sa naissance, puis reconnue un mois plus tard par sa mère et placée dans un orphelinat et enfin adoptée à l’âge de cinq ans par un couple.
Si cette « origine » lui fut cachée par le couple l’ayant adoptée, même si elle n‘a manqué de rien depuis ses cinq ans, elle veut connaître son origine, connaître sa mère biologique, savoir d’où elle vient.
Alors va débuter une longue période de lettres qu’elle envoie à cette mère biologique jusqu’au jour où elle va la retrouver, l’avoir en face d’elle. Se retrouver face à sa mère.
Un chemin douloureux d’une femme en quête d’elle-même. Un décor sobre, un seul costume. Elle est seule face à elle-même. Il fallait une comédienne d’exception pour investir ce rôle. Nathalie Mann que l’on a déjà vu depuis des années dans des rôles très différents tant au théâtre qu’à la télévision est dans un rôle à sa mesure, elle pose avec force un personnage investi. Elle est bouleversante.
Cette quête est perdue d’avance peut-on penser, pourtant elle se bat, prête à abattre des montagnes. Cette recherche est sa raison d’être, d’exister alors elle met tout en jeu, elle va chercher tous les possibles et enfin elle arrivera à son but, à la fin de son combat. Et là…
On est admiratif de cette recherche éperdue, de ce plongeon dans un passé obscur. De cet acharnement obsessionnel.
Pourquoi ? Elle ne manque de rien, sa vie est bien avancée... Mais elle a cette quête comme si sa vie ne peut être sans avoir résolu le problème de sa naissance, elle veut savoir, connaître sa mère. Et elle ira jusqu’au bout avec obstination.
Une interprétation magistrale de Nathalie Mann qui nous embarque derrière elle comme chaque fois.
Jean Michel Gautier
Au commencement j’avais une mère
d’Annik Dufrêne, Denis Malleval et Nathalie Mann
Mise en scène:Denis Malleval
Interprète : Nathalie Mann
Lumières: Maurice Fouilhé
Mis en ligne le 24 juillet 2022
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