YOURTE

 

Théâtre 13
30, rue du Chevaleret
75013 Paris
01 45 88 62 22

Jusqu’au 27 septembre 2020
Du mardi au samedi à 20h - le dimanche à 16h

 

Yourte loupe 

 

Dans les années 70, il y eut une pièce qui s'appelait "les Babas-cadres" : elle racontait l'histoire de deux cadre adeptes du retour à la terre.. On en riait, à l'époque.

C'est un thème similaire qui est abordé dans "Yourte". Suite à une promesse qu'ils se sont fait enfants... un groupe de jeunes gens s'organise en communauté. On y est contre la société de consommation, on projette de faire sauter la "grande surface" locale. Sybille, elle,  croit à la magie noire, aux énergies...

Ce spectacle est basé sur une problématique définie par les autrices. À partir de là, les comédien(ne)s ont improvisé. Ces textes ont été retravaillés par les autrices pour arriver à la version définitive.

On croirait une greffe (plus ou moins réussie) d'une problématique pas si neuve sur une théâtralité qui peine à exister vraiment. Bien sûr, le plateau est vaste et autorise du mouvement, des chants, des danses et l'énergie des comédien(ne)s est une note positive. On s'y laisse entraîner souvent, mais le propos, disons-le, est décousu. On ne voit pas vraiment où où tout cela veut en venir.

À une critique de la société de consommation ? Trop classique.

À une parodie du langage et du mode de fonctionnement (quasi sectaire, parfois) de cette communauté ? C'est une tentation perceptible, mais là non plus, la chose n'est pas aboutie. C'est dommage.

Dommage pour les acteurs et actrices qui font un travail efficace, nous offrant un jeu naturel et pour le moins convaincant.

Dans "les Babas-cadres", caricature oblige, il y avait des personnages typés et bien campés. Ici, c'est un peu en-deçà, mais les personnages héritent d'un passé (Maxime, l'ex-cadre, le jeune couple pas sûr de son engagement...) sans avoir pour autant de vrai projet. Encore une fois, que veut-on nous démontrer ?

C'est Michel Vinaver qui opposait les pièces-machines (avec intrigue) et les pièces-paysages (comme un tableau). Ici le paysage est plat.

On a même droit à un invraisemblable parodie de jeu-télé qui vient comme un cheveu sur la soupe.

Les dialogues, joués avec sincérité encore une fois, s'apparentent à ce que nous servent les sitcoms. Peu de style. La pièce dure une heure et demie : elle pourrait faire l'objet d'une saga et durer cinq heures que nous n'en serions pas plus avancés.

Seule note consolante : le public, jeune pour la plupart, s'esclaffe aux bons endroits et semble suivre avec intérêt le cheminement de ces différents personnages en quête d'eux-mêmes.  Éternelle question.

Gérard Noël

 

1998-2018. 20 ans séparent les deux victoires de l’équipe de France en Coupe du monde de football et, avec elle, deux triomphes d’une certaine idée du bonheur, de la politique et de la vie.

20 ans, c’est aussi le temps pour des enfants de grandir, pour leurs rêves de se concrétiser et pour leurs promesses de se vérifier : que sont-ils donc devenus, ceux qui, dans leur petite cabane en forme de yourte, s’étaient autrefois jurés qu’ils resteraient unis et solidaires ? Devenus adultes, leur existence au sein d’une communauté écologique est-elle à la hauteur de leur volonté d’échapper à la société de consommation et de bâtir un nouveau modèle de « vivre ensemble » ? Nous voici donc plongés dans le quotidien de cette communauté qui navigue entre utopie et réalité, sous l’oeil aigri de tout ce dont il a fallu se débarrasser pour y entrer : argent, téléphone, ego, médiocrité, etc., réunis dans un « puits aux adieux » qui condense le pire de notre civilisation.

Une fois ce décor posé, il faut avouer que la pièce tourne un peu en rond. Mais c’est sans compter sur la vitalité de cette jeune et belle troupe de comédiens qui, avec beaucoup d‘humour et d’autodérision, nous donne à voir une non moins sympathique proposition. Leur énergie est communicative, elle se transmet dans la salle et elle fait plaisir à voir, encore plus en cette rentrée théâtrale qui nous permet de renouer avec le théâtre vivant après sa fermeture et ce couvercle posé sur l’ensemble du spectacle vivant. Nous avions presque oublié que c’était possible. Et cela nous rappelle qu’un autre monde, lui aussi, est possible. Chiche !

Frédéric Manzini

 

Yourte

De Gabrielle Chalmont et Marie-Pierre Nalbandian

Mise en scène : Gabrielle Chalmont

Scénographie : Lise Mazeaud

Création lumière : Agathe Geffroy

Création musicale : Balthazar Ruff

Avec : Claire Bouanich (Gloria), Bastien Chevrot (Jonathan), Sarah Coulaud (Juliette), Louise Fafa (Hélène), Maud Martel (Sybille), Jeanne Ruff (Camille), Hugo Tejero (Maxime) et Benjamin Zana (Isaac)