Entête

VOIX

 

Théâtre La Tempête (Cartoucherie)
Route du Champ-de-Manoeuvre
75012 Paris
01 43 28 36 36

Jusqu’au 21 mai 2023,
du mardi au samedi 20h.
Dimanche 16h.

 

Voix loupe

Phto © 2023 Théâtre de la Tempête

 

Il existe des exemples où le thème est plus "fort" que le spectacle lui-même. C'est un peu le cas ici. Gérard Watkins, après Scènes de violence conjugale (entre autres),  s'intéresse à des personnages jeunes (la trentaine) qui entendent, littéralement, des voix. Ils participent à un groupe de parole, sous la houlette d'un psy (Gérard Watkins lui-même, qu'on ne voit pas, au début). Manon subit la voix de Frau, ainsi que celle d'un garçon. Pour Louise, c'est Amandine qui la visite, Amandine, une morte. Clément est violent à cause de ses voix à lui, dont une, surnommée Schopi, pour Schopenhauer.

Le tout est joué sobrement, les propos sont clairs, axés sur un réel opressant. L'origine des voix est posée, inconscient ou réalité. Et le psy, finement, suggère pour trouver un peu de répit, de donner des rendez-vous à la voix. En fin de journée, plus tard.

L'arrivée inopinée d'une femme de 60 ans, Véronique, change un peu la donne. Tout en s'excusant de son irruption, elle se lance dans un long monologue pour apporter à son tour son témoignage. Seul bémol, c'est une comédienne chevronnée, Valérie Dréville, qui l'incarne : autant on pouvait entrer dans les récits des jeunes, autant ici, on sent un peu trop la comédienne qui joue, rompue aux effets de voix et aux effets tout courts, d'autant qu'elle fait sortir les autres et que toutes la seconde partie lui est dédiée.

Sa technique, accomplie, nous empêche, et c'est dommage, d'entrer domplètement dans l'histoire.

Le psy (Watkins, donc) paraît en scène, première trouvaille. À force d'entendre parler de ces voix, on souhaiterait les entendre et cela arrive, deuxième trouvaille. La scène finale, par contre, qui met en scène les personnages des voix, semble un peu artificielle et ne s'imposait pas vraiment.

Il y a pourtant, dans cette heure trois-quarts de spectacle, des moments forts : les différentes voix de Véronique, dont celle de Dieu et... d'un morse, le fait que nous entendions ces voix, donc et le fait (peu exploité) qu'elles se parlent entre elles.

Sur un sujet délicat et rare sur une scène, Watkins réussit un spectacle... disons bancal. Première partie excellente et la seconde plus répétitive et qui use de ficelles théâtrales parfois grosses (des pans de murs tombent, on lève un rideau de fer...).

À voir pour le thème, pour l'ambiance étrange qui se dégage et la sincérité de l'auteur-metteur en scène- acteur : « Ce spectacle se rêve comme un hommage, à travers le temps, à ces voix, à leur texture, leur message, leurs émotions, leurs origines et tente, par se dramaturgie fictive, de voir en quoi elles peuvent nous aider à changer le monde. »

Gérard Noël

 

Voix

Texte et mise en scène : Gérard Watkins

Avec : Valérie Dréville, Lucie Epicureo, Malo Martin, Marie Razalindrakoto, Gérard Watkins et, au piano : Camille Prenant

Collaboration artistique : Lola Roy
Lumières : Anne Vaglio, assistée de Julie Bardin
Scénographie : François Gauthier-Lafaye, assisté de Clément Vriet
Son : François Vatin
Costumes : Ann Williams
Travail vocal : Jeanne-Sarah Deledicq
Régie générale : Nicolas Guellier, François Gauthier-Lafaye
Régie plateau : Clément Vriet
Régie : Laurent Cupit, Wilhelm Garcia-Messant