Lucernaire
59 rue Notre-Dame des champs
75006 Paris
01 45 44 57 34

Jusqu’au 30 juin 2024
à 19h du mercredi au samedi.
Dimanche à 15h30.

 

 

 

Dans la petite salle du Lucernaire (le Paradis) on nous propose une pièce courte, signée pour l'écriture et la mise en scène de Clément Hervieu-Léger. Pièce modeste et aérienne, pièce à deux personnages et un banc. Il y a une jeune femme qui attend (quoi ?) sur ce banc et un homme qui passe par là et la prend en photo avec un Polaroïd.

Assez vite et inexplicablement, les deux personnages sont sur un mode familier, ils se tutoient, se confient.  Elle dit : — J'étais sûre que tu viendrais, je t'attendais

Au début, c'est surtout lui qui parle, cet homme qui semble avoir baroudé ou du moins voyagé... Daniel San Pedro lui prête son assurance tranquille, cette lueur au coin de l'œil et ce demi-sourire de connivence.

La jeune femme (Juliette Léger) a des airs de gamine : elle est à l'écoute, jouant le jeu quand elle le veut ou se refermant sans raison apparente. Tout coule de source.

Que veulent ces personnages : rien de spécial. Juste parler, se confier. Il n'y a pas d'obstacles dans ces échanges : il peut, librement, évoquer Adis-Abéba et Tégato, un ami... son "frère jumeau".

Elle veut réguler leurs échanges, il part, vexé, mais revient, c'est la loi du genre.

À nouveau, Tégato. Dans les Ardennes, cette fois, sa vie, ses rencontres. Quand il  raconte qu'il a attendu Tégato pour l'emmener à l'aéroport, il se met à l'attendre et elle avec lui. C'est une trouvaille qui ne sera pas renouvelée.

L'ombre de Rimbaud, l'homme, le poète, plane sur tout cela. Ils dansent en chantant, puis c'est à elle de parler d'Anne, qui s'est "donné la mort", Anne, une amie très chère, compagne de manifs : c'est un peu le portrait d'une époque qui nous est offert; On s'y retrouve, enfin, la plupart. Nostalgie.

La fin de la pièce, partant d'une bonne idée, rechercher sur son téléphone, les "fantômes", c'est à dire ceux qui ne sont plus là ou dont on n'a plus de nouvelles est un peu longuette.

Que dire de plus, sinon qu'à partir d'une écriture parfois "blanche" et qui n'évite pas les clichés ou les enchaînements faciles, le spectacle est une réussite. Pourquoi ?

Cela tient à la qualité des interprètes : sensibles, trouvant sans peine un naturel et une émotion palpables.

C'est surtout pour eux que nous recommandons cette Place de la République.

Gérard Noël

 

Place de la République

De et mise en scène : Clément Hervieu-Léger

Avec : Juliette Léger, Daniel San Pedro

Lumières : Alban Sauvé
Costumes : Caroline de Vivaise
Production : La compagnie des Petits Champs