Entête

PETITE

 

Théâtre des Déchargeurs
3 Rue des Déchargeurs,
75001 Paris
Tél : 01 42 36 00 50

Jusqu’au 22 mars
Dimanche, lundi et mardi à 19h15

 

Petite loupe

Photo © Damien Guillaume

 

Il y a la cadette et la petite. L’ainée de la sororité est partie il y a longtemps. Depuis ce départ, elles n’ont pas ouvert la porte. Elles vivent dedans. Toutes les deux. Seules. Dehors ? Elles ne savent pas. Où sont-elles ? On ne sait pas.

Elles sont jeunes toutes les deux. Elles n’ont pas beaucoup de différence d’âge. Elles sont intimement imbriquées.  Dialoguent sans cesse. Flattent ou restreignent leurs obsessions. Se querellent, se reprochent, finissent par laisser leurs corps chercher à fusionner.

Et puis il y a tous ces cartons qui saturent l’espace entier. Des cartons avec des affaires. Leurs affaires. La petite use toutes les minutes qui lui appartiennent à les déplacer, les ordonner en murs, fenestrons, pyramides, monticules ou parcours étranges. Tout leur univers est ainsi changeant. Jamais identique. Mouvant. Vivant.

Et puis il y a la porte que la cadette observe toutes les minutes qui font ses journées. Va-t-elle vouloir la franchir ou attend-elle que quelqu’un ou quelque chose vienne de l’extérieur. Et la peur qui va avec l’inconnu. Et la perte.

Dans ce monde aux contours indéfinis, grand-étroit comme un espace mental, apparaît également un homme, Thomas, sorte de témoin, narrateur d’un passé ignoré de tous, qui bouscule soudain l’harmonie sensuelle des deux sœurs par la présence de son corps.

Corps et mots, gestuelles et empoignades forment ici un langage à part entière. Les trois interprètes se glissent, s’échappent et s’entrelacent comme s’ils étaient une seule et même entité. Il y a tout au long de cet étrange ballet, une volonté frénétique de combler silence et immobilité. Comme un appel du vide qui aspirerait le vivant. Ou plutôt une fuite haletante sans qu’on sache ce qui est fui, ce qui est espéré.

Il est dommage que la belle recherche esthétique de cette mise en scène se trouve compromise par cette frénésie, et des déplacements chorégraphiques un peu brouillons et un peu trop réalistes, manquant de grâce. On y aurait gagné en fascination.

Bruno Fougniès

 

Petite

Texte Le Caveau est sourd d’Ariane Louis
Mise en scène Thibaut Besnard assisté de Louise Cassin
Lumières Gilles Robert

Décor Chloé Bellemère
Compositeur Jules Poucet
Création lumière Raphaël Bertomeu

Jeu : Ariane Louis, Julia Gratens, Edouard Dossetto