Entête

NOUS SOMMES SEPTEMBRE

 

Théâtre de la Reine Blanche
Impasse Ruelle
75018 Paris

Jusqu’au 1er mars 2025
Les mardis et jeudi à 21h (sauf mardi  11) et les samedis à 20h

 

Nous sommes septembre loupe

Photo © Marie Charbonnier

 

Mal d’enfance, mal d’amour, mal de vivre.

 

Tout est poésie dans l’existence pour qui sait encore y voir, y ressentir. C’est ainsi que l’hyper-sensibilité de l’actrice/autrice Flore Grimaud pourrait être résumée après avoir vu Nous sommes septembre. Ode à l’amour, au souvenir vivant, à l’humaine dépendance aux sentiments de toutes sortes.

Nous sommes septembre est une promenade à travers le temps, l’espace et les émotions où nous entraînent une femme et un homme. Sur une pelouse fraiche, parmi les troncs d’arbre, les pâquerettes, les lauriers fleurs, (sorte de clairière enchantée créée par Johnny Lebigot) qui s’étend entre les deux gradins de public, va être évoquée la traversée d’une vie, comme on traverse un paysage, comme on traverse une étendue d’eau, mer, lac, à la nage. Ce seront des évocations que les deux interprètes vont incarner tour à tour : souvenirs d’enfance mêlés aux souvenirs de fascinations cinématographiques qui sont si habiles à magnifier, idéaliser, transfigurer les êtres et les sentiments.

C’est ainsi qu’apparaît comme fil conducteur dans le texte imagé de Flore Grimaud les blessures des séparations, blessures d’amour qui ne se referment pas. Se jouant de toute dictature de la temporalité, l’autrice invoque presque en simultané la brisure ressentie dans son enfance, lors du divorce de ses parents, son admiration pour Romy Schneider, sa rencontre et son amitié avec Alain Delon, couple dont l’amour entra en résonnance totale avec celui de ses parents.

Tout est terrien dans la manière de jouer, d’être vrai, sur scène, pour les deux interprètes chacun dans leurs personnages, et pourtant, tout est aérien, projeté quelque part dans l’univers cérébral, parallèle, où soudain la blessure du divorce de ses parents est remplacée et sublimée par le couple des deux stars Romy/Alain

Elle revit là, sur scène, Romy Scheider et Delon également, pour quelques minutes, quelques mots, une interview réinventée, une incarnation qui a la pudeur de ne pas tenter la copie. Et par je ne sais quel miracle, le léger accent du sud de la France de Flore Grimaud suffit à évoquer celui pourtant beaucoup plus au nord de l’actrice disparue en 1982.

La mise en scène de Heidi-Éva Clavier parvient à nous faire voyager presque sans s’en apercevoir d’un plateau de télévision à un appartement parisien en passant par le tremplin un peu magique de cette matière nature d’un jardin imaginaire. Elle donne aux deux interprètes toute la liberté pour bondir d’un personnage, d’une narration, d’une esquisse à une autre.

Flore Grimaud est corps et âme transportée par ses rôles,  celui de Romy, le sien… Manuel Durand vif et délicat jongle avec une visible aisance entre ses personnages ce qui rend son jeu extrêmement fluide et à l’écoute. Tous deux forment un couple en constant recherche d’équilibre et de vertige. Ils sont à la fin comme les deux plateaux d’une balance, l’un étant le contrepoids de l’autre, un peu comme lorsqu’un couple joue à l’amour, gamins, facétieux, rêveurs.

Bruno Fougniès

 

Nous sommes septembre

Texte Flore Grimaud
Le texte a obtenu la Bourse Théâtre du Centre National du Livre.
Le texte est édité aux éditions Les Cygnes. 
Mise en scène Heidi-Éva Clavier

Jeu Flore Grimaud et Manuel Durand

Collaboration artistique Antony Cochin
Scénographie Johnny Lebigot
Vidéo Thomas Bouvet
Lumières Léandre Garcia Lamolla
Costumes Patrick Cavalié