LES SURVIVANTES

 

Théâtre 13/Jardin
103 A, boulevard Auguste-Blanqui
75013 Paris
01 45 88 62 22

Jusqu'au dimanche 5 avril 2020,
du mardi au samedi à 20h,
le dimanche à 16h

 

Les Survivantes loupePhoto  © Lionel Roy

 

Les deux autrices, Blandine Métayer et Isabelle Linnartz, se sont inspirées de témoignages de femmes tombées dans la prostitution. Des témoignages recueillis par  le « Mouvement du Nid », une association luttant, entre autre, contre les causes et les conséquences de la prostitution. À partir de cette matière, elles ont construit un spectacle qui met en scène cinq femmes, cinq parcours uniques qui se retrouvent par les aléas de la vie à vendre leurs corps dans une station-service désaffectée, un bord de route à la frontière belge, pays où la prostitution échappe largement à la loi.

Ce pourrait être un microcosme de nos sociétés que ces cinq prostituées arpentant le trottoir dans le froid hiver de l'Europe. Elles sont d'âges, d'origines et de couches sociales différentes. Et aucune d'elle n'est là par choix. Elles avaient une vie avant la prostitution, une vie qu'elles ont du fuir à cause d'un accident de la vie, un drame : l'une, musulmane, a du fuir son pays à la suite du chantage d'un photographe qui la menaçait de la honte publique et du châtiment d'une justice implacable, une autre, venu des pays de l'Est, fuit la pauvreté, sans papiers, une troisième, ancienne cheffe d'entreprise s'est retrouvée trahie et volée par son conjoint, une autre navigue en va-et-vient incessant entre s'arracher du trottoir et y retourner...

L'accent est mis sur la normalité de ces personnages. Leurs paroles, leurs échanges, leurs façons de voir pourraient être ceux de n'importe qui. Mis à part cette poussée de violence qui surgit par moment comme un stigmate de la violence quotidienne qu'elles subissent. Mais la pièce refuse de tomber dans le drame et c'est plutôt le côté vivant qui est privilégié. La trame du spectacle raconte d'ailleurs en filigrane la lutte de ces femmes  pour s'arracher à ce milieu et leur victoire.

Face à elles, un comédien joue alternativement les rôles du souteneur et des clients. La mise en scène d'Isabelle Linnartz s'appuie essentiellement sur le réalisme des personnages et l'interprétation des comédiennes. Les scènes de sexe sont pudiquement évoquées derrière la cloison translucide de la station service pour mieux toucher le public par l'intériorité des personnages, leurs témoignages, leurs forces, leurs fragilités.

L’histoire de la réinsertion sociale sur lequel débouche Les Survivantes (car oui, tout finit très bien), passe finalement un peu au second plan par rapport au réalisme de la vie commune de ces cinq femmes en contact direct avec la violence masculine et avec l’indifférence d’une société qui les tolère sans les intégrer. Reste que dans cette existence qui ressemble à une survie extrêmement précaire, des instant de grâce naissent parfois, comme cette courte scène où l’une des filles, incarnée par Gigi Ledron, chante à capella dans le silence aride de ce froid morceau de terre qui semble abandonné.

Bruno Fougniès

 

Les Survivantes

Texte : Blandine Métayer et Isabelle Linnartz
Mise en scène : Isabelle Linnartz

Collaboration artistique : Paula Brunet Sancho

Lumière : Arnaud Jung,

Scénographie : Catherine Bluwal

Création sonore et composition musicale : Sheldon
Distribution : 

Amel Charif, Gigi Ledron, Isabelle Linnartz, Jean-Claude Leguay, Blandine Métayer, Catherine Wilkening