Entête

LE VOYAGE DE MONSIEUR PERRICHON

 

Théâtre Artistic-Athévains
45 rue Richard Lenoir
75011 Paris
01 43 56 38 32

Jusqu’au 2 mars
Mardi 20h, mercredi 17h, jeudi 19h, vendredi samedi 20h30; samedi 17h et dimanche 15h.
Relâches exceptionnelles mardi 4 février, du 24 au 27 février, les mardis 1er et 29 avril.

Représentations exceptionnelles (corporatives Molière) les lundis 17 février à 18h et 3 mars à 20h

 

Le Voyage de Monsieur Perrichon loupe

 

 

Avec Le Chapeau de  paille d'Italie, ce Voyage... est une des grandes pièces de Labiche. Il se hisse, du simple vaudeville, à la comédie de caractère.

Soit, donc, Monsieur Perrichon, un "carrossier" retiré des affaires qui décide de voyager. Son but, la Mer de glace, qu'il envisage de découvrir avec femme et fille. Deux soupirants de la jeune fille, Armand et Daniel... instruits du projet, veulent avancer leurs pions en faisant le même voyage.

Il y aura des gags, des trouvailles de style, et la pièce culminera là-bas ou plutôt là-haut, sous le regard du majestueux Mont-Blanc.

M. Perrichon sera sauvé d'une grave chute par Armand. À la reconnaissance, succède bientôt un léger agacement. D'autant que Perrichon, à son tour, sauve (ou croit sauver) Daniel, Daniel qui devient son ami et son favori comme futur époux de sa fille.

On voit que Labiche réfléchit sur la reconnaissance... en traçant des portraits cocasses, mais non dépourvus de profondeur.

La metteuse en scène a la patte légère et inspirée : elle ne recule ni devant le burlesque ni devant le "musical" (il y a quelques moments chantés des plus réussis) tout en gardant le cap : il y a des choses à dire, alors, oui, disons-les.

Et la vidéo, pour une fois, est utilisée avec un profit qui n'est pas gratuit.

Nous ne révèlerons pas la chute...  assez morale.

Les personnages, c'est ce qui est intéressant, évoluent : le Perrichon, au final, n'est pas le même qu'au début. Il a compris certaines choses.

Les comédiens sont au diapason : Cédric Colas n'est pas une "rondeur", comme d'autres interprètes de Perrichon, comme ces bourgeois enrichis à la bedaine confortable, mais il a l'essentiel : la fierté satisfaite, la bêtise jamais loin. Il a des façons d'affirmer des banalités et des engouements irraisonnés tout à fait  réjouissants. Emmanuelle Galabru donne de la finesse et de l'aplomb à Madame Perrichon. Guillaume Veyre, lui, se démultiplie : il est le valet, l'aubergiste, un employé de Perrichon et surtout le redoutable commandant Mathieu, une figure de pète-sec à la Noël Roquevert. Les deux amoureux transis, Daniel et Armand sont Arthur Guézennec et Hugo Givort. S'ils sont stéréotypés et proches au début, la mise en scène (et leur jeu) les distingue peu à peu et les fait exister au-delà du cliché. Du grand art.

On prend donc un grand plaisir à revisiter ce Labiche pas du tout rétro ou poussiéreux. On y trouve un dynamisme et une modernité étonnante. Sans compter une de ces phrases qui font jubiler les aficionados : « Il est donc sourd, notre correspondant ? C'est pour ça qu'il ne répond jamais à nos lettres ! »

Gérard Noël

 

Le Voyage de Monsieur Perrichon

D’Eugène Labiche et Édouard Martin
Mise en scène : Frédérique Lazarini

Avec : Cédric Colas, Emmanuelle Galabru, Hugo Givort, Arthur Guézennec, Messaline Paillet, Guillaume Veyre

Scénographie : François Cabanat
Costumes : Dominique Bourde
Lumières : Xavier Lazarini
Musique et sons : François Peyrony
Vidéo : Hugo Givort
Collaboration artistique : Anne-Marie Lazarini
Assistante à la mise en scène : Lydia Nicaud