Entête

LA FAMILLE  S'AGRANDIT

 

Théâtre de Belleville
94 rue du Faubourg-du-Temple
 75011 Paris
01 48 06 72 34

Jusqu’au 27 février.
Lundi 21h15, mardi 19h15, dimanche 17h

 

La Famille s'agrandit loupe

Photo © Bohumil KOSTOHRYZ

 

Comment prendre ce spectacle ? Il y a d'un côté le thème, les familles homoparentales et de l'autre la démarche de deux comédiennes, l'une hétéro et l'autre homo (de leur propre aveu) lancée dans un désir d'enfant. Et ses aléas.

Le spectacle s'inspire du parcours personnel des deux actrices.

Une des deux Marie est devenue Josie, et l'autre garde son prénom. Un dialogue au téléphone puis des confessions brutes. « La famille est un champ de ruines », dit l'une qui revendique la fin de la famille nucléaire.

La pièce (ce n'est pas un défaut) est une pièce-manifeste. La salle est emballée d'entrée de jeu et réagit au quart de tour.

Un rendez-vous médical pour Josie : l'occasion de vilipender le "méchant" gynéco et sa façon de lui parler de ses "tuyaux". Ce désir d'avoir un bébé : nouveau pour l'une, pas pour l'autre qui en a déjà.

On revient un peu en arrière, sur une rencontre à ski entre les deux jeunes femmes, leur relation qui commence et cette question : qui va porter NOTRE bébé ?

On convoque même une vieille amie, Christiane, au prénom qui dit l'âge : elle revient sur ses combats, sur le MLF, sur tout ce passé. Elle ne croit pas, elle, "aux enfants pour les lesbiennes".

On ne nous cache rien : le problème du sperme et du donneur à trouver. Difficile. Les bons amis se défilent. Reste la PMA en Belgique, moment du spectacle où est posée la question de ce qu'elles vont raconter à l'enfant : « L'enfant naît de NOTRE désir. »

« Ce qui rend dingue, c'est le secret ! » On ne peut qu'adhérer à cet avis tout en reconnaissant qu'en moins d'une heure, tout ne peut pas être ici abordé.

Il semble, de toute façon, que ce ne soit pas le propos des autrices-interprètes : elles ont un vécu, chacune et un vécu commun : elles souhaitaient nous faire partager émotionnellement ce vécu relatif à la venue d'un bébé chez un couple de femmes.

Dont acte.  Il y a peu ou pas du tout de point de vue contradictoire : dans leur expérience, l'attitude de tel ou tel homme ou institution en tient lieu.

Enfin, elles convoquent Françoise Héritier, autrice et essayiste, qui parle histoire et traditions. Bien vu. Elle a participé aux débats sur le PACS. « L'ordre social, dit-elle, n'est pas naturel. » Elle évacue la question des deux mères en mettant en avant « l'incroyable plasticité de l'esprit de l'enfant ». Pour elle, la vraie révolution, c'est la contraception. Enfin, elle croit "en la joie, plutôt que dans le bonheur."

On aura droit aussi, dans ce "spectacle" envahi par la "figure" du bébé, réel ou fantasmé, à un peu de psychanalyse sauvage, quelques contractions et même un accouchement.

« La famille s'agrandit », dit un des personnages.

Sur le gag, usé du téléphone qui fait "Crrrr, crrrr ! " le spectacle s'achève net.

Peut-être aurait-il fallu faire exister davantage chacun des personnages, son environnement, sa vie après la venue de l'enfant et surtout théatraliser plus.

Il reste un spectacle non dénué de qualités, sur un thème il est vrai peu présent sur les scènes.

Gérard Noël

 

La Famille s'agrandit

Écriture et jeu : Marie Desgranges, Marie Dompnier
Collaboration artistique : Laure Mathis
Assistée de Mélina Krempp
Scénographie : François Gauthier-Lafaye
Costumes : Brigitte Faur-Perdigou
Création lumières : Fabrice Ollivier
Régisseur lumière : Anthony Baldassi