Entête

JUILLET 1961

 

Théâtre Ouvert
159 avenue Gambetta
75020 Paris
01 42 55 74 40

Jusqu’au 22 avril 2023,
mardi mercredi 19h30,
jeudi vendredi 20h30
samedi 18h

Juillet 1961 loupePhoto © Georges-Emmanuel Arnaud

 

Jeune écrivaine, Françoise Dô dit avoir été touchée par un cliché pris par le photographe américain Garry Winogrand. Celui-ci témoigne, dans un noir et blanc somptueux, des joies et lassitudes ou effervescence de la rue. L'autrice a situé son histoire en 1961, à Chicago. Soit donc deux jeunes femmes qui vivent dans la même ville, chacune avec son destin, ses choix (ou non), son itinéraire. Elles ne se connaisssent pas, mais ont chacune une petite fille : Chloé est la mère de Mary et Clarisse celle de Dani.

L'une est prostituée pour boucler ses fins de mois, l'autre navigue entre deux emplois, celui du matin et celui du soir. Sont évoqués le racisme larvé ou affirmé et la violence inhérente à la ville, violence qui laisse pantelant, sidéré ou qui incite, au contraire, à la rebellion.

Dans les deux cas, de mère, point, mais les pères sont importants, comme points de repère ou références. Il y a des envies de partir, de tout quitter, tout laisser pour se retrouver enfin au calme.

Françoise Dô ne propose pas une mise en scène de son texte, mais plutôt une mise en espace. Les deux monologues croisés, parfois fort beaux, se répondent, s'entrecroisent, rythmés qu'ils sont par deux musiciens.

Le procédé n'est pas mauvais en soi : il a même donné et donne encore de beaux résultats mais, ici, autant au début les musiciens ponctuent le texte, autant, vers la fin, ils donnent quelque peu dans le redondant, soulignant à l'envi tel ou tel "effet" de ce qui est énoncé. Dommage.

En outre, s'il fallait ajouter quelque chose, ce serait que le texte (pourtant reconnu et publié par Théâtre Ouvert en tapuscrit) reste trop souvent en deça des intentions (louables) de l'autrice : « Interroger les mécanismes de l'immobilisme et du changement » écrit-elle. Il y avait peut-être à trouver un enjeu et/ou une progression plus lisible.

Le texte vise à l'universel : la ville n'est pas nommée, ni l'époque. On passe de notations vraies, ressenties à des morceaux d'histoires (un corps dans le jardin, un interrogatoire de police...) sans arriver à être véritablement transporté.

Le spectacle semble conçu comme une sorte d'oratorio où musique et texte fusionnent.

Il a au moins le mérite de la sincérité de la recherche. 

Gérard  Noël

 

Juillet 1961

Texte et mise en scène : Françoise Dô
Conseil dramaturgique : Paul Emond
Collaboration artistique : Denis Boyer

Avec : Rosalie Comby, Wanjiru Kamuyu en alternance avec François Dô

La voix de Christopher Mack en alternance avec Kenneth Starcevic et Sylvain Darrifourcq, Roberto Negro

Création musicale : Sylvain Darrifourcq, Roberto Negro
Costumes : Jien Chung
Régie son : Pierre-Emmanuel Meriaud
Régie générale et plateau : Yann-Mathieu Larcher