Entête

JOURS DE JOIE

 

Odéon Théâtre de l’Europe
Place de l'Odéon
75006 Paris
01 44 85 40 40

Jusqu’au 14 octobre 2022
Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h

 

Jours de joie loupe

Photo © Simon Gosselin

 

Au début, on se croirait chez Beckett avec cette mère et sa fille qui échangent sur un banc devant un cimetière jonché de feuilles rousses de l’automne. La vie, la beauté des choses, le temps qui passe et l’attente du repos – qu’il s’agisse de celui qu’offre le banc (démesurément long, au milieu de la scène) et de celui de la tombe. La difficulté de la maternité aussi. Mais à mesure qu’elles seront rejointes par d’autres personnages, qui portent d’autres blessures, le véritable sujet de la nouvelle pièce d’Arne Lygre se dessine : la disparition, autrement dit l’effacement des liens qui nous unissaient les uns aux autres.

Or la disparition peut prendre de multiples formes : il y a le désamour bien sûr, les ruptures, l’abandon, la mort mais aussi le choix qu’on peut faire de partir, de tout quitter, que ce soit pour un simple break ou pour changer complètement de vie sans jamais revenir, dans l’espoir de porter regard neuf sur soi-même et sur l’existence. « Disparaître » dans l’espoir de, peut-être, renaître.

Stéphane Braunshweig fait jouer deux rôles à chacun de ses huit fidèles comédiens (qui approfondissent à ses côtés le compagnonnage avec le dramaturge norvégien). Ainsi Pierric Plathier, par exemple, joue-t-il successivement le personnage d’Aksle, le fils et frère qui décide de tout quitter, et celui de David, son amoureux délaissé. « Un moi » et « un autre moi », comme l’écrit aussi Lygre dont les dialogues sonnent souvent juste, comme les deux facettes en miroir d’une tentation qui peut exister en chacun de nous.

Chacun des personnages vit avec ses propres blessures, mais tous s’efforcent de sourire. Car de quelque côté qu’on se situe, les questions existentielles restent les mêmes, comme la volonté de ménager quelques précieux moments de joie qui permet de nous réunir, tous ensemble. La pièce prend alors des accents optimistes et tchékhoviens dans sa deuxième partie où la force de vivre prend le dessus sur la violence des déchirements et, celle d’aimer sur l’incompréhension des ruptures.

Frédéric Manzini

 

Jours de joie

D’Arne Lygre
Traduction française : Stéphane Braunschweig, Astrid Schenka
Mise en scène et scénographie : Stéphane Braunschweig assisté de Clémentine Vignais
Collaboration artistique : Anne-Françoise Benhamou
Collaboration à la scénographie : Alexandre de Dardel
Costumes : Thibault Vancraenenbroeck
Lumière : Marion Hewlett
Son : Xavier Jacquot

Avec : Virginie Colemyn, Cécile Coustillac, Alexandre Pallu, Pierric Plathier, Lamya Regragui Muzio, Chloé Réjon, Grégoire Tachnakian, Jean-Philippe Vidal