ET C'EST UN SENTIMENT QU'IL FAUT DÉJÀ QUE NOUS COMBATTIONS JE CROIS

 

du 3 au 5 juin 2021 - Théâtre Dijon-Bourgogne, Centre dramatique National (Festival Théâtre en mai)

du 9 au 13 juin 2021 - Théâtre Paris-Villette.

Du 7 au 29 juillet 2021 à 18h40 - Le 11. Avignon (84)

Du 3 au 4 février 2022 - Théâtre Géarrd Philipe, Champigny-sur-Marne

24 mars 2022 Théâtre Jacques Carat Cachan

31 mars 2022 - Les bords de Seine, Juvisy-sur-orge

2 avril 2022  - Ecam – Espace Culturel André Malraux, Le Kremlin-Bicêtre

 

Et c'est un sentiment loupe Photo : Jérémie Gaston-Raoul

 

 La phrase du titre serait la suite du fameux "La France a peur ! " répétée par le journaliste Roger Gicquel en amorce d' un JT mémorable.

Ce spectacle est ce que nous pourrions appeler un OTNI (objet théâtral non identifié) mais il paraît que c'est la tendance.

Ici, la scène est un joyeux capharnaüm occupé par quelques tables et chaises, l'écran vidéo (classique) et du matériel en pagaille. Les comédiens et comédiennes sont en scène, attendant. Après un bref intermède consacré à la banlieue et sans qu'on sache si c'est du réel ou pas, nous passons aux chose sérieuses : un reportage d'Antenne 2 (à l'époque) consacré aux cafés "interdits" aux femmes, à Sevran (93). L'occasion d'analyser les tenants et aboutissants d'un tel reportage consacré aux banlieues : preuves à l'appui, on fait défiler et revenir la bande, l'analyse révèle la manipulation. Caroline Sinz, la journaliste aurait été pour le moins "téléguidée" et surtout, le reportage ne présenterait pas toutes les garanties d'authenticité. Nous voici à présent du côté de David Pujadas et de son équipe préparant le sujet.

On enchaîne avec le drame des deux jeunes coursés par la police et perdant la vie dans le transformateur EDF où ils s'étaient réfugiés.

La suite est un mélange, toujours sur ce thème de la banlieue, entre des interviews, réelles et reconstituées, de journalistes et de faux bulletins d'une grande chaîne d'info.

La démarche de David Farjon et de sa Compagnie Légendes Urbaines est intéressante : le hic est que c'est une pièce à charge, contre les médias en général, et que les comédiens et comédiennes-auteurs (car c'est une création collective), mettent leur sincérité et leur talent au service d'une cause... pas nouvelle. Remarquons aussi que les "armes" utilisées dans le spectacle rappellent un peu celles utilisées par certains médias, mais pour d'autres raisons : rapprochements significatifs, simplification, voire jeu brechtien qui permet à des comédiens de sortir de leur personnage pour dire "leur" vérité, qui n'est qu'une vérité.

Jusqu'à présent, pourtant, tout se tenait et donnait à réfléchir, mais la deuxième partie du spectacle va plus loin et peut-être trop loin : nous assistons en effet à une sorte de parodie un peu "lourde" de journalistes de LCI choisissant les "types" à interviewer et truquant à plaisir les interviews avec le concours (rétribué) d'un habitant des "cités". Même tout n'est pas inventé.

"Tout ce qui est excessif est insignifiant" disait Talleyrand.

Il reste le travail des comédiennes et comédiens, excellent et le dispositif d'images qui, pour une fois, se justifie et emporte souvent l'adhésion. Et la fin est prenante.

À voir pour expliciter le rapport cités/médias. Et pour en débattre ensuite. Même si, et c'est répété à plusieurs reprises durant la soirée, « on ne peut pas dire où est la vérité. »

D'ailleurs, pour reprendre une formule de Guy Debord, le "pape" du Situationniste, « Le vrai est un moment du faux ». Ou l'inverse.

Gérard Noël

 

Et c'est un sentiment qu'il faut déjà que nous combattions je crois

Écriture collective dirigée par David Farjon.
Mise en scène : David Farjon

Avec : Samuel Cahu, Magali Chovet, David Farjon, Sylvain Fontimpe, Ydire Saïdi, Paule Schwoerer

Assistant mise en scène : Sylvain Fontimpe
Scénographie : Léa Gadbois-Lamer
Lumières : Laurence Magnée
Dispositif technique : Jérémie Gaston-Raoul
Régie lumière : Viviane Descreux