Entête

CORIOLAN

 

Théâtre de la Bastille
76 rue de la Roquette
 75011 Paris
Réservations : 01 43 57 42 14

Jusqu’au 7 octobre 2022
à 20h, relâche les dimanches

 

loupe

 

 

Du cuir. De la musique, tantôt baroque, tantôt pop, tantôt bruitée. Des cris. Du noir, à peine réhaussé d’un peu de lamellé doré et de rouge sur Volumnia, seul personnage féminin (joué avec beaucoup d’allure par une Estelle Meyer excellente tragédienne) presque incestueux. De la colère, beaucoup de colère chez Coriolan campé par un Alban Guyon nerveux et convaincant. Quelques plaintes. Du mauvais goût aussi (Pascal Tagnati en Aufidius).

C’est que Coriolan met en scène la violence. Pas seulement celle de la guerre, dont Caius Marcius sort en héros après ses victoires sur les Volsques et la glorieuse prise de leur cité, Corioles, qui lui vaut son surnom. Mais la violence de la politique aussi, entre règlements de compte, flatteries démagogiques et sens du calcul auquel le fier guerrier ne veut pas s’abaisser. Violence des rapports humains surtout, qui opposent le peuple à ceux qui deviennent des menaces quand ils se mettent à se prendre pour des surhommes.

Or le peuple, dans la libre mise en scène de François Orsoni, c’est nous : le tribun et les autres comédiens font régulièrement face au public et l’interpellent comme pour lui demander de prendre parti dans le drame qui se joue devant ses yeux. Car qui est véritablement Coriolan ? Un orgueilleux impétueux qui cache une misanthropie profonde ? Un homme épris de vertu qui ne cherche qu’à rester fidèle à lui-même et refuse toute compromission avec ce qui était déjà une sorte de politique-spectacle ? De la Rome du Ve siècle avant J-C jusqu’à nous en passant par le théâtre élisabéthain, l’histoire est traversée par les mêmes drames, les mêmes impasses.

Ici, la langue de Shakespeare se révèle particulièrement dense, saturée de métaphores, hélas pas toujours très audibles. Mais en dépit d’une certaine confusion, c’est surtout une belle occasion de redécouvrir ce qui est aussi la dernière tragédie du dramaturge.

Frédéric Manzini

 

Coriolan

De William Shakespeare
Traduction : Jean-Michel Déprats
Mise en scène : François Orsoni
Bruitage : Éléonore Mallo
Lumières : François Orsoni, Antoine Seigneur-Guerrini
Scénographie et costumes : Natalia Brilli

Avec : Jean-Louis Coulloc’h, Alban Guyon, Thomas Landbo, Estelle Meyer et Pascal Tagnati