Entête

ON N’A PAS PRIS LE TEMPS DE SE DIRE AU REVOIR

 

Théâtre de la Concorde
1-3 avenue Gabriel
75008 – Paris

Jusqu’au 21 décembre 2024
à 19h00
(relâche les 15 et 16)

 

On n’a pas pris le temps de se dire au revoir loupe 

 

Quand l’intime rejoint l’universel…

 

Depuis ces dix dernières années, en France et à l’étranger, Rachid Bouali témoigne de son parcours d’immigré algérien à travers des spectacles particulièrement sensibles et émouvants qui s’inscrivent dans la lignée d’une saga sociale et familiale à portée universelle. Ce nouveau récit est né d’une coïncidence tragique : la destruction de la Lionderie à Hem (Métropole de Lille), cité de son enfance et son « petit papa qui s’enruine lentement à l’hôpital »… Pour combler ce vide ontologique immense et résister au vertige de la double perte, Rachid sublime sa douleur en une ode  bouleversante, magnifiquement écrite au style poétique, drôle, sans pathos, bourrée d’anecdotes croustillantes, comme ce professeur d’histoire qui leur raconte avec descriptions imagées et passionnées la guerre de 14/18 et la tragédie des poilus dans les tranchées…

Et le Henné qu’il emprunte à sa  mère pour en couvrir ses doigts « C’est du caca » se moquent ses camarades de classe… « Mais c’est une tradition Kabyle » réplique -t-il! Et les copains de renchérir « Ah du caca des Ka-binets »…

Entre humour délicat et dialogue reconstitué entre lui et son père, avec une subtilité émotionnelle des plus sagaces et lucides, Rachid Bouali nous entraîne avec maestria dans un récit puissant et fascinant à travers les secrets, les fantômes, les humiliations, les attentes d’un peuple et d’une civilisation à la dichotomie parfois douloureuse entre espoir d’une vie meilleure en France et regrets des « douces collines de Kabylie »… À noter également cette somptueuse performance d’un comédien inspiré qui danse et occupe l’espace scénique avec une présence qui vous « prend aux tripes » et vous plonge avec un puissant réalisme dans un univers aussi âpre que magique !

À venir applaudir en famille pour un bel exemple de tolérance, de résilience et de transcendance d’une souffrance en créativité rédemptrice…

Anne Revanne

 

Un autre Regarts !

Au nouveau Théâtre de la Concorde, ex-Espace Cardin, théâtre d’accueil du Théâtre de la Ville pendant les longues années de travaux, une programmation engagée, diverse et résolument tournée vers l’accessibilité et le débat a vu le jour. Son comité d’orientation présidé par Patrick Boucheron rassemble des profils variés (ça peut exister !) artistes, professeurs, militants associatifs… Les spectacles sont abordables, même en tarif plein (10€-20€). De nombreux événements sont également gratuits (conférence, atelier…). Comme le dit avec générosité Rachid Bouali à la fin de son spectacle, « Longue vie au Théâtre de la Concorde ! ».

Curieuse de ce nouvel élan, On n’a pas pris le temps de se dire au revoir était le parfait choix pour y plonger. Rachid Bouali conte son histoire personnelle, enfant d’immigrés kabyles, né en France, traversé par ladite Grande Histoire. Ce résumé caricatural illustre tous les écueils du spectacle. C’est l’histoire didactique de l’immigré maghrébin. Malgré les anecdotes puisées dans son vécu, Rachid Bouali, tant dans l’écriture que la narration, décrit des images déjà connues. C’est une commedia dell’arte berbère où chaque personnage n’est qu’une persona : les parents silencieux et honteux de leur origine, le fils ballotté entre deux mondes, les colons violents et violeurs. Cette ligne entre l’histoire personnelle et les « événements d’Algérie » ne fonctionne pas, ce n’est ni tout à fait Rachid Bouali, ni une vision enrichie de l’Histoire. La scénographie, composée de rectangles lumineux, illustre plus qu’elle ne porte le propos. Le rectangle au sol représente la tombe du père et au lointain, les maisons qui s’écroulent. Rachid Bouali, à la diction parfaite et au geste sûr, narre avec sincérité un récit qui ne nous apprend pas grand-chose.

Alexandra Diaz

 

On n’a pas pris le temps de se dire au revoir

Écriture et interprétation Rachid Bouali

Mise en scène Rachid Bouali
Collaboration artistique Olivier Letellier
Création lumière Pascal Lesage