Entête

CAP AU PIRE

 

Théâtre 14
20 avenue Marc Sangnier
75014 Paris

du 24 septembre au 19 octobre 2024
Mardi, mercredi, vendredi à 20h
Jeudi à 19h
Samedi à 16h

 

 

Cap au pire loupeCrédit photos Pierre Grosbois

 

Cap au pire n’a pas été écrit par Beckett pour être dit mais pour être lu. Pourtant, Jacques Osinski le met en scène avec Denis Lavant qui l’incarne, immobile, avec pour seul habillage un carré blanc à ses pieds. C’est une expérience singulière et collective rare, précieuse. L’immobilité de Denis Lavant nous oblige à faire silence, à ne plus bouger pour écouter, pour nous laisser bercer par cette abstraction textuelle.

Il semble vain d’essayer de comprendre mot à mot ce texte fait de ruptures, de répétitions. Beckett met des mots pour illustrer notre incapacité à tout dire, à dire avec justesse. Les mots arrivent comme des impressions, nous embarquons pour un voyage sensible dans un état hypnagogique entre la veille et le sommeil. Chacun vit personnellement ce voyage qui peut, peut-être, laisser certains spectateurs au bord du chemin.

Denis Lavant est génial. Les deux bras le long du corps, la tête légèrement inclinée, seuls les yeux changent d’expression, aidée par la lumière de Catherine Verheyde. Chaque réplique commence par sa voix de tête et se termine par sa belle voix grave comme un signe de ponctuation – le son devient ponctuation. Tout se passe à l’intérieur de son corps, par la respiration, son ventre semble être l’instrument qui lui permet de dire ce texte qui projette des états – la décomposition, l’absence, la fin, le courage, l’absurde.

Denis Lavant est toujours sur le fil, à la frontière du carré blanc. Comme un effet miroir, les spectateurs sont dans un état second, plongés dans le noir. Cette douce torpeur nous accompagne une longue partie de la soirée. Cette musique restera longtemps dans notre ventre.

Alexandra Diaz

 

Cap au pire

Texte Samuel Beckett
Traduction Édith Fournier (Éditions de Minuit)
Mise en scène Jacques Osinski

Avec Denis Lavant

Lumières Catherine Verheyde
Scénographie Christophe Ouvrard
Costumes Hélène Kritikos