LE CHANT DE LA TERRE

 

Théâtre de Châtelet
 Rue Édouard Colonne
75001 Paris
01 40 28 28 28

 

Le Chant de la Terre loupe

 

 

Sous les ors du théâtre du Châtelet, deux silhouettes sobres se détachent successivement de la vaste scène. Pieds nus, simplement vêtus de tuniques noires qui évoquent des vêtements de deuil, ils évoluent dans un brouillard épais et mystérieux, devant une toile qui figure un paysage de style romantique ou sous une pluie de neige qui tombe jusqu’aux spectateurs. Ils s’avancent en alternance mais sans jamais quitter leur solitude pour se rencontrer pour former un duo. Leurs voix chantent tantôt l’allégresse et la gaieté festive, tantôt la douleur, mais toujours avec une élégance retenue qui finira par se muer progressivement en une mélancolie d’une infinie douceur dans le lied final, der Abschied. Le Chant de la Terre est aussi le chant de la condition humaine.

Plus limité dans sa puissance vocale comme dans son jeu, le ténor Maximilian Schmitt brille moins que l’alto Christina Daletska, qui s’épanouit dans la profondeur et la délicatesse de son timbre de voix. Avec l’ensemble Klangforum Wien, ils font entendre ce Chant de la Terre avec une émotion toute renouvelée. On sait en effet que Gustav Malher l’a composé alors qu’il affrontait une crise personnelle très profonde, comme faire écho à sa douleur et à la nostalgie d’une époque définitivement perdue. Mais l’œuvre résonne encore différemment dans le contexte d’aujourd’hui, celui de la Cop 27 et de la prise de conscience des dégâts irréversibles que nous infligeons à cette Terre, mais aussi celui de la guerre à nos portes – puisque, comme la chanteuse de nationalité ukrainienne le rappelle au lever de rideau, « en Ukraine, la Terre ne chante pas, elle crie ».

Frédéric Manzini

 

Le Chant de la Terre (Das Lied von der Erde)

De Gustav Mahler
Version musique de chambre de Reinbert de Leeuw
Direction musicale : Emilio Pomàrico
Mise en scène, conception, scénographie : Philippe Quesne
Assistants à la mise en scène : Élodie Dauguet, François-Xavier Rouyer
Collaboration à la dramaturgie : Camille Louis
Lumières, collaboration à la vidéo : Nico de Rooij

Alto : Christina Daletska
Ténor : Maximilian Schmitt
Ensemble Klangforum Wien