Au Pixel Bayaf
10 rue Carreterie
84000 – Avignon

le 14 mai 2022

 

 

 

 Une prison avec des barreaux, une femme est couchée sur un bas flanc, une autre est poussée dans la pièce. Nous sommes en août 44, la guerre se termine à peine, c'est l'époque des vengeances, des remises en question et des comportements excessifs en tous genres.

C'est la période où l'on découvre les actes de courage comme les actes immondes. Tout est possible, c'est le grand marché de la misère humaine.

Elles sont deux dans la cellule, l'une a été tabassée, elle aurait tué un officier allemand, on s'étonne alors de cet enfermement, de ces coups. L'autre a été tondue, on sait évidemment pourquoi. Elles vont chercher à se connaître, se dévoiler. Puis d'autres femmes vont à leur tour être poussées dans la geôle. Celle qui a cherché à protéger les œuvres d'art qui allaient être envoyées en Allemagne. C'est une femme de l'aristocratie, profondément portée par sa mission artistique. Puis il y a une jeune fille en pleurs qui voulait sauver quelqu'un et enfin une femme accusée de marché noir.

Chacune est là pour des raisons différentes, mais on découvre en fait que leurs destins concourent ensemble et cachent une réalité.

Il est clair que cette période fut des plus troubles, permettant à bien des gens d'endosser des habits singuliers, à se cacher derrière des faux fuyants, à avoir des attitudes nobles mais aussi bien des comportements de façade pour devenir autres.

Ici on assiste alors à ces combats internes entre les individus, à ces prises de position dictées par des convictions ou des intérêts purement économiques. Là va éclore le bien et le mal, parfois au même endroit, au même moment. On tue pour des motifs patriotiques, mais parfois politiques. Période qui fut on ne peut plus trouble, où les héros côtoyaient les salauds, où il était difficile de trouver le bon chemin. Ou bien des gens en ont profité pour accomplir des vengeances personnelles, récupérer des biens sous couvert politique, où la vie avait perdu le fil de son déroulement naturel.

Christian Ravat a cherché à mettre dans un temps court les éléments principaux, créant un récit vivant, référencé. Gérome Tomray a développé une mise en scène tonique qui donne un rythme à la pièce, pas un temps mort, de l'émotion.

Les cinq actrices donnent vie à leurs personnages et nous entraînent facilement dans leurs récits.

Une pièce qui a eu beaucoup de succès car montée et jouée avec intelligence.

Jean Michel Gautier

 

Sorties de l'ombre

de  Christian Rabat
Mise en scène de Gérome Tomray

Avec Anais Gabay, Fanny Brunel, Anna Jauffrey, Orane Vaissières et Virginie André