Théâtre de la Manufacture
10 Rue Baron Louis
54000 Nancy
03 83 37 42 42

Jusqu’au 8 décembre, à 20h, puis tournée.

Dates de tournée :
- Vendredi 09 février 2024, à 19h : au Centre Culturel Houdremont-La Courneuve, La Courneuve (93) - Dimanche 10 mars 2024 à 17h, à l’Azimut – Théâtre Firmin Gémier La Piscine, dans le cadre du Festival MARTO, Chatenay-Malabry (92) Tournée en cours…

 

 

 

Naissance du Black Panther Party for Self Defense en 1966. Un an après avoir obtenu le droit de vote, les noirs américains forment un peu partout dans le pays des associations de défense de leurs droits en tant que citoyens américain à part entière. Parmi ces nombreuses initiatives, Bobby Seale et Huey P. Newton inventent les actions du Black Panther Party. Des actions originales qui visent (comme l’indique la suite de l’intitulé du parti : for Self Defense) à défendre les droits des afro-américains partout où cela est possible.
À l’époque, ceux-ci sont régulièrement persécutés par la police : contrôles arbitraires, fouilles arbitraires, arrestations arbitraires sont monnaies courantes sur tout le continent. Comme si les noirs américains étaient des sous-citoyens n’ayant pas les mêmes droits que les Américains blancs. Or Bobby Seale et Huey P. Newton étudient à l’époque le droit à l’université d’Oakland, ils vont par les actions mises en place, revendiquer haut et fort leurs droits de citoyen à part entière, et en premier lieu, ils vont organiser un système capable d’empêcher les malversations de la police.
Décidé à utiliser le deuxième amendement de la constitution des Etats-Unis qui reconnaît la possibilité pour le peuple américain de constituer une milice (« bien organisée ») pour contribuer « à la sécurité d'un État libre », et il garantit en conséquence à tout citoyen américain le droit de détenir des armes. Ils mettent en place des sections qui patrouillent en ville et interviennent lorsque des noirs ont affaire aux policiers. Ces groupes sont composés de trois personnes : une porte une arme chargée, une autre un livre de droit, la troisième un magnétophone. Restant à distance comme l’exige la loi, ils sont prêts à intervenir si la confrontation avec les policiers le demande.
C’est ce parti d’auto-défense que ce spectacle, Move on Over Or We’ll Move on Over You, raconte. À travers les regards de trois membres du parti, nous découvrons la réalité de ce mouvement. Loin de l’image dégradée que nous pouvons en avoir, loin de l’image d’un groupe violent, brandissant des armes et prêts à utiliser celles-ci pour imposer leurs volontés, cette pièce écrite et mise en scène par Stéphanie Farison réussit à nous partager la vision réelle et multiple des actions de défense que celui-ci revendiqua dès sa création.
Comme il est dit dans la présentation du spectacle, différents modèles d’actions étaient organisés : « Patrouilles de rue ostentatoires, contre-patrouille de police, chorégraphies des corps dans l’espace public, pancartes, dessins, photographies, graffs, poèmes, codes vestimentaires et capillaires, contre-enquêtes sur les meurtres racistes. Leur arme : la visibilité. » La communication, la visibilité, le grand jour comme le droit étaient les véritables axes défendus par le parti.
Partant de ce constat, Stéphanie Farison place ses personnages dans l’atelier d’impression du Black Panther Party. Deux hommes et une femme qui dans cet univers aux odeurs d’encre et de papier frais fabriquent des affiches et impriment un journal. Aux fils tendus dans les diagonales du plateau pendent des dizaines d’affiches en train de sécher. On y grapille des mots : The Revolution, Off the pig, Social… des images en aplats de couleurs vives ou en noir et blanc. Les trois personnages vont durant un peu plus d’une heure que dure le spectacle, parcourir les premières années du mouvement tout en fabriquant en direct des sérigraphies de toutes tailles.
Action était le mot d’ordre des Blacks Panthers, c’est également en action que les interprètes de la pièces déclinent les principes et l’histoire du parti. C’est une belle manière pour éviter une narration qui serait statique sans tous ces jeux scéniques et ces dialogues (dont une bonne part sont extraits d’archives).
Ce spectacle, qui est à la fois vivant et instructif, redonne avec intelligence la valeur sociale déterminante du mouvement du Black Panther Party. Avec une scénographie riche et passionnante (la fabrication en directe de sérigraphies) et des comédiens investis et attachants qui performent en jeu théâtral, adresse et jeu avec le public ainsi qu’en chant, la pièce de Stéphanie Farison remet l’histoire dans le bon sens et réanime la foi en la possibilité partout et toujours de lutter pour ses droits. 

Bruno Fougniès

 

Move on Over Or We’ll Move on Over You

(L’atelier des Black Panthers )
Un projet du Collectif F71
Texte et Mise en scène Stéphanie FARISON
Collaboration dramaturgique Lucie NICOLAS
Avec Joris AVODO, Maxence BOD, Camille LÉON-FUCIEN
Scénographie Lucie AUCLAIR
Création sonore Éric RECORDIER
Création lumière Laurence MAGNÉE
Régie Générale et construction Max POTIRON
Construction additionnelle Lucas REMON
Régie lumière en alternance Émeric TESTE, Laurence MAGNÉE
Assistanat à la mise en scène Fanny GAYARD