Théâtre du Chien qui fume

Rue des teinturiers
Avignon

le 21 octobre 2023

dans le cadre de la semaine Italienne

 

 

Au départ il y a le livre de cet auteur membre de Charlie Hebdo.

Je me souviens de Cavanna et de sa grosse moustache ornant la couverture de son livre, je me souviens de Cavanna le racontant en mâchonnant les mots comme sa moustache. Il est là pour raconter ses débuts dans l’adolescence à Nogent sur Marne, pour raconter sa mère née dans la Nièvre et son père en Italie.

Son géniteur était un ouvrier maçon un peu illettré mais qui trouvait un intérêt à tous les objets fussent-ils cassés ou tordus. Il ramassait tout et ce tout grossissait dans ses poches attendant le moment propice pour retrouver une vie.

Bruno Putzzulu aidé par son frère Mario à la mise en scène nous propose de nous plonger dans cette famille d’immigrés, de Ritals. C’est un regard sur son père qui est façonné, un père plein de bienveillance et d’amour.

Alors on le suit dans ses escapades, sa confrontation à la vie, ses découvertes et ses désirs.

Coup d’œil sur une communauté peu aimée à l’époque, il faut bien l’avouer, sur ces ouvriers  qui se battaient pour exister, qui étaient l’arrière ban des travailleurs. C’étaient les premiers immigrés, après il y aura les Arabes, les Aspagnols etc. et les Ukrainiens derniers de la liste.

Mais au-delà de ce regard sur ces travailleurs, il y a l’amour pour son père qui est omniprésent.

Amour d’un enfant entre six et seize ans qui fait les quatre cents coups mais revient toujours auprès de celui qu’il adore.

Un dispositif scénique simple, une table centrale, point névralgique de la vie familiale et une veste pendue dans un rayon de lumière, cette veste vers laquelle il viendra se réfugier bien souvent, représentation paternelle omni présente.

Les Putzzulu sont dans ce livre comme chez eux, ils y respirent de bonheur et cela se sent.

C’est enlevé, plein d’humour, de tendresse et de délicatesse. Bruno est au milieu de siens c’est évident.

Un accordéon lui donne la réplique avec beaucoup d’à-propos, c’est assez délicieux.

Le Chien qui Fume était comble et la salle a longuement applaudi, ce fut une belle soirée pleine d’émotions.

Jean Michel Gautier

 

Les Ritals

De Cavanna

Avec Bruno Putzulu et Gregory Daltin à l’accordéon

Mise en scène Mario Putzulu
LumièreVincent Lemonier