LE SOURIRE AU PIED DE L'ÉCHELLE

 

Théâtre du Chêne Noir
Rue Sainte Catherine
84000 – Avignon

le 15 octobre 2020 à 20h

 

loupe 

 

Le Sourire au pied de l'échelle
Le bonheur à l'état pur.

 

Un espace quasi nu dans la pénombre. Au fond appuyé dans un trait de lumière une échelle, enfin... ce qu'il en reste, deux montants et quelques barreaux à moitié cassés.

Quand vient la lumière on distingue au premier plan des bordures de piste de cirque rouges, comme posées au hasard.

Un homme est là, on apprend que c'est un clown, qu'il se cherche, dans une quête de lui-même, comme un voyage inabouti, un voyage sans fin.

Il va errer dans les souvenirs de son passé, du temps où il était un clown célèbre, où les applaudissements ne cessaient pas. Mais il espère faire autre chose que le clown, il veut rompre avec cette époque. Embauché par un petit cirque ambulant comme palefrenier, il reprend avec bonheur le cours de sa vie, ayant cette fois l'impression d'être à sa place. Mais un soir, il va devoir remplacer au pied levé le clown, Antoine, tombé malade. Tout va fort bien se passer mais Antoine va mourir et alors il ne voudra pas prendre sa place, revenir en arrière, il va reprendre son chemin toujours en quête de lui-même.

Ce clown nous touche par sa recherche, son insatisfaction, ses contradictions, son humilité et ses douleurs.

Denis Lavant est l'acteur béni pour ce rôle il glisse dans le personnage avec aisance, l'habite complètement lui donne un réelle dimension grâce à sa formation de mime et d’acrobate. Souvenons-nous de lui dans Mauvais sang le film de Léo Carax il volait littéralement au-dessus du sol. Ici il est Le Clown qui doute et se cherche, il est plusieurs d'un coup de chapeau, investissant le patron du cirque ou l'autre clown, Antoine. Il est solaire, irradiant de sa présence la scène. La voix est là bien placée. On serait resté des heures à le voir faire, le temps n'existait plus, seul un infime lien qui nos reliait à lui dans la pénombre, un lien qui nous faisait ressentir les moindres palpitations de ses réflexions, de ses doutes et de sa quête.

La mise en scène de Bénédicte Nécaille est sobre et bien adaptée, elle épouse à merveille le propos, les mots de Miller qui, il faut le reconnaître sont magiques.

Les jeux de lumière d'Ivan Morane et Philippe Beau créent le climat dans lequel le récit s'inscrit. Une réussite parfaite, un pur moment de bonheur.

Jean Michel Gautier

 

Le Sourire au pied de l'échelle

de Henry Miller
adaptation de Ivan Morane

avec Denis Lavant

mise en scène Bénédicte Nécaille
scénographie lumières Ivan Morane
son Dominique Bataille
ombre et magie Philippe Beau
costumes Géraldine Ingremeau
maquillage Catherine Bloquière
poursuite John Guiguet