Théâtre du Balcon

Du 8 au 16 avril 2023

 

Photo © Gilbert Scott  

 

Ils sont là face à un mur qui occupe toute la scène mais derrière lui, il y a le fossé, ce trou qu’il faut sans cesse maintenir, creuser pour exister, pour être. Situation bourrée de questionnements, d’incertitudes, de mal être. Panorama de la vie avec ses problèmes et ses limites. Faut-il creuser ? Et pourquoi ? Y a-t-il une issue ?

Les personnages sont là sans savoir pourquoi ni comment. C’est une foule de questions, de recherche d’issues, de mal être répandus sous nos yeux.

Farce clownesque, personnages issus d’un « Godot » du XXI° siècle, ils essaient d’avancer en creusant, mais ne voient pas d’issue, ne trouvent pas de sens à leur vie. Une vie dans une société qui part en breloque, qui se délite, qui n’a plus de repères. Où la communication est portée au zénith mais où elle est ratée, où elle n’est qu’un ersatz, une façade. Société de l’illusion, du virtuel où la frontière entre ces mondes est des plus instables. Alors ce fossé devient un incontournable, c’est lui qui donne un sens à la vie, il faut creuser pour exister sans savoir combien de temps il faudra le faire.

C’est une fable où l’on rit car le rire est une échappatoire, une porte ouverte vers la vie, une raison d’être. Une bouée de secours, une issue à laquelle on s’accroche pour ne pas sombrer.

Les personnages cherchent, se cherchent ils n’ont plus de certitudes, seulement ce fossé à creuser pour ne plus penser, pour obtenir une raison d’être, pour exister.

Et alors dans ces inquiétudes, l’homme rit pour exprimer son désespoir, pour tenir sa tête hors de l’eau pour pouvoir respirer.

Farce loufoque, très contemporaine, où cinq personnages veulent sauver le monde pour donner un sens à leur vie. Farce de l’absurde sur les sentiers de Beckett, Ionesco et Arrabal, l’issue est cachée mais existe-t-elle en fait ? Alors nos individus creusent comme les Shadocks pompaient, sans plus savoir, mais pris dans une gestuelle sans fin, une gestuelle existentielle qui donne son sens à l’homme, qui donne un sens à leur vie.

Une belle mise en scène de Serge Barbuscia porté par une scénographie qui nous emporte et le jeu des comédiens d’une belle exactitude. Le texte de Jean Baptiste Barbuscia est vif. Pièce qui a été saluée par des applaudissement bien nourris. Longue vie à ce spectacle qui sera rejoué ici cet été durant le festival.

Jean Michel Gautier

 

Le Fossé

Mise en scène : Serge Barbuscia
Assisté par Alice Faure
Composition musicale : Éric Craviatto
Costumes : Christian Burle
Création lumière : Sébastien Lebert