Théâtre du Kronope
à la Fabrik Théatre
Avignon

le 23 mars 2023

 

 

 

A-t-on besoin de raconter « Le Bourgeois gentilhomme » cette pièce de Molière qui se moque de ce personnage qui devenu riche veut se servir de sa bourse pour apprendre à être un bourgeois et pourquoi pas avoir un titre de noblesse, c’est ce qu’il veut en tout cas pour le futur époux de sa fille.

Mais pas facile de changer de statut, même avec de l’argent car son entourage ne l’y encourage pas, bien au contraire il est seul dans son univers et se bat âprement.

Mais on est très près de la vie actuelle où l’apparence devient un maître mot, ou bien des jeunes se font opérer pour avoir l’air de... ou deviennent des influenceurs, participent à des émissions où ils sont des héros, enfin le monde de l’esbroufe est là comme pour ce malheureux personnage qui se prend pour un gentilhomme.

Guy Simon le metteur en scène a donc pris le parti de la commedia del arte pour tracer le portrait, chaque acteur est derrière un masque, le masque de l’hypocrisie, du mensonge... et au milieu d’eux le bourgeois gentilhomme en exercice trône dans la fausseté. Il aimerait mais il n’est pas alors il suit tous les beaux parleurs qui lui font miroiter ce monde qui l’obsède.

Tout comme ces jeunes filles qui se font refaire les lèvres et ressemblent à des canards ensuite alors qu’elles pensent être des beautés.

Tous ceux qui tirent profit de sa bêtise, les serviteurs, les professeurs de musique, danse, philosophie et escrime le poussent à acquérir ce statut qu’il n’obtiendra jamais.

Le Théâtre du Kronope a bien compris le propos et use de cette forme théâtrale qu’est la commedia del arte pour mener à bien sa dénonciation.

Ils ne lésinent pas sur les moyens, usant des costumes, d’un décor support, d’une équipe de six comédiens jeunes en majorité qui ont de l’énergie pour tenir deux heures en scène dans un rythme éblouissant.

Nous sommes dans une grande farce où les puissants sont misérables et les valets ont toute la lucidité. Image d’un mode décadent déjà au dix-septième siècle avec une allusion aux turcs qui étaient à la mode à cette époque.

Mais le plus important reste cette satire de ce personnage qui veut ses lettres de noblesse, qu’il n’obtiendra pas car roulé par tous dans la farine, il finira Mamamouchi, création sans existence pour cette occasion.

Le théâtre du Kronope a saisi tous les codes, les ficelles pour donner une vie à cette pièce.

Les comédiens Loïc Beauché, Anouck Couvrat, Clothilde Durupt, Anaïs Richetta et Jérome Simon font le travail avec beaucoup de talent.

Un grand classique mené avec soin par une belle équipe.

Jean Michel Gautier

 

Le Bourgeois gentilhomme

de Molière
Mise en scène Guy Simon,

avec Loïc Beauché, Anouck Couvrat, Clothilde Durupt, Anaïs Richetta, Jérôme Simon

Lumières Jean Claude Delacour
Musique Hugo Richetta
Masques Lucile Molinier
Photos Philippe Hanula