GIBRALTAR

 

Institut français de Barcelone

Le 4 février 2020

 

Gibraltar loupe© Photos : Armel 

 

Comme en 2019 avec Désaxés, le festival 2020 démarre très fort avec Gibraltar, une pièce coup de poing qui nous conte l’histoire de Salif, un jeune africain qui voudrait partir pour gagner l’Europe. Salif, casquette visière sur la nuque, est un jeune de notre époque qui rêve de belles voitures et de vêtements de marque, surtout les baskets.

Résumé ainsi, le sujet offre un air de déjà-vu. Mais un air trompeur car comme pour chaque histoire, tout est dans l’art et la manière de la raconter.  Et ici l’auteur et metteur en scène Guy Giroud nous présente un spectacle d’une violente douceur qui nous transperce et nous subjugue dès le début avec une superbe chorégraphie signée Bachir Tassembedo, un des deux comédiens, où les corps se tordent, tombent, se relèvent pour retomber encore dans un combat sans fin face aux frontières électrifiées ou hérissées de barbelés.

Car tout n’est pas que texte, quand les mots deviennent inutiles ou impuissants, la danse prend le relais avec toute la force que peut apporter la gestuelle d’une intensité remarquable des deux comédiens qui interprètent plusieurs personnages et sont également d’excellents danseurs, sur des musiques de Ray Charles ou Otis Redding, particulièrement une séquence sur I’ve Got Dreams To Remember toute empreinte d’émotion.

Les histoires se croisent, celle de Salif, de son père aveugle Sokina, de Moussa le petit commerçant, qui avait tenté l’aventure lui aussi mais est revenu au pays. Jusqu’à la dernière scène tout en symbole qui nous laisse le cœur serré.

Nicole Bourbon

 

Avant Madrid la semaine prochaine, la pièce se joue ce soir à Badalone. Ce n’est pas loin de Barcelone, occasion de la voir pour ceux qui l’auraient manquée hier.

 

Gibraltar

Compagnie Marbayassa
Auteur et metteur en scène Guy Giroud
Chorégraphie Bachir Tassembedo

Avec Jules Gouba et Bachir Tassembedo 

Lumières Guy Giroud
Décors et costumes Danielle Poude