L’Oriflamme
3 rue du portail Matheron
84000 – Avignon

du 7 au 29 juillet 2023

à 20h15 (relâche le dimanche)

 

 

 

Il est seul en scène et découvre qu’il vient de mourir laissant femme enfant et maîtresse mais aussi une grenouille de bénitier reconvertie au bouddhisme, son père... enfin une foule de personnages dont le curé qui va procéder aux obsèques en multipliant les erreurs pour cause de sénilité précoce.

Pendant ce temps lui il espère quelque chose dans cette mort qui devient une nouvelle vie si l’on peut s’exprimer ainsi.

Mais les choses tardent à venir. Il a beau flotter au-dessus du frigo, la vie éternelle n’est pas de tout repos, elle est loin d’apporter la paix de l’âme.

Alors il va chercher sa voie, observer ceux qui sont là pour ses obsèques, leur trouver un sens à leur vie.

Entre son père qui veut prendre sa place, son fils qui cherche son père et se cherche aussi, sa femme qui le comprend tout comme sa maîtresse il est bien entouré mais pas comblé.

Cette vie dans l’au-delà n’est pas aussi bien que prévue, rien n’est formaté, tout est à faire.

Ainsi la mort ne règle rien, n’ouvre pas sur un monde meilleur, ne résout rien. Tout est à construire.

Didier Van Cauwelaert propose un canevas sur la vie et la mort, place ses personnages dans une situation que l’on aurait pu croire bien déterminée.

Que nenni, rien n’est à plat, il faut tout prendre en main.

Christian Mulot, le comédien a pris à bras le corps le livre et a incarné ce personnage avec un pur bonheur. Tout devient simple, tout est limpide… la vie, la mort ce n’est qu’une question d’état en fin de compte…

Pourtant il est là, à roder au-dessus du frigo, cherchant sa place lui qui de son vivant n’avait jamais accompli grand-chose à part faire quelques huiles qui ne lui ont apporté aucune célébrité.

Christian Mulot est excellent, jouant avec humour, finesse et délicatesse dans un contexte qui pourrait ne pas l’être il faut bien le reconnaitre.

Si le jeu du comédien est sans faille, la mise en scène de Séverine Vincent l’est tout autant. Elle a bâti un jeu sur un ensemble de structures qui donnent beaucoup de dynamisme à la pièce. Entre les plans et les structures refuges, il peut aller d’un bord de la scène à un autre dans un jeu de projecteurs donnant des limites à l’enjeu.

Une pièce qui coule en nous comme un caramel mou au beurre de Normandie, c’est à ne pas manquer.

Jean Michel Gautier

 

La Vie interdite

d’après Didier van Cauwelaert
adaptation Christian Mulot

avec Christian Mulot

mise en scène Séverine Vincent
scénographie Jean Michel Adam
lumières Thomas Quenneville
création son Félicien Adam
costume Fabienne Wizun
régie Thibaud lmarchesseau
construction décor Thomas Lagriiff