Théâtre du Balcon
38 Rue Guillaume Puy,
84000 Avignon
04 90 85 00 80

du 7 au 30 juillet

à 19h55

Relâches les 12,19, 26 juillet

 

 Photo © Olivier Brajon

 

Un monsieur Loyal pas du tout conventionnel apparaît sous nos yeux, cravache à la main, vêtu de cuir, il circule sous un chapiteau de cirque, menant sa troupe à la baguette. Le décor est planté, matériel de dressage et de domptage d’animaux, d’équilibre, de cordes, il va dresser tout ce petit monde, s’adressant aussi au public en réclamant applaudissements et silence ! Dès les premiers instants, on comprend que la machine est lancée et que leur folle énergie délirante va nous faire oublier la monstruosité de l’histoire.

L’histoire de Britannicus, tragédie de Racine revue et corrigée par la troupe des Épis noirs n’a pas fini de nous surprendre ! De Néron dont Agrippine (elle a la grippe Agrippine) en tenue affriolante, Junie, petite ballerine en tutu, Britannicus adolescent dans l’âme, un peu naïf.  Et puis, Néron en strass et paillettes très rock and roll, assoiffé de pouvoir, aux contours effrayants et hideux, il entretient avec sa mère, un brin perverse, des relations particulières. Mais, il tombe amoureux de Junie, la fiancée de son frère ! S’ensuivent des rivalités, des dualités entre eux.

Les personnages sont complètement déjantés, les blagues fusent (je te dois d’honneur ou vos yeux sont secs, saucisson sec) les jeux de mots mêlés aussi aux alexandrins de Racine en font un spectacle jubilatoire.

Le spectateur se laisse embarquer au cœur de ces relations humaines, le pouvoir du mal où se côtoient, la violence, les dérives et la folie. Une pièce qui a des résonances très actuelles ou le pouvoir, la politique, le statut d’intermittent s’invitent au cœur de l’histoire

Une pièce maléfique, des personnages foncièrement méchants, une mécanique burlesque et circassienne !

La mise en scène est énergique et rigoureuse, les échanges se succèdent et se maintiennent sur un rythme endiablé, les répliques sont décochées avec une vivacité remarquable.

Les décors, les costumes lumineux, la musique ahurissante entre guitare et synté jouée en direct nous embarque. L’adaptation et la réécriture de la tragédie donnent un cachet moderne et complètement surréaliste !

Chaque rôle est parfaitement distribué, chacun en prend possession avec une énergie folle et un professionnalisme affirmé, une maîtrise de jeu absolue et très aboutie. Une pièce à voir sans hésitation!

Fanny Inesta

 

Quand débute la pièce, tout de suite on pense à un autre monsieur Loyal maintenant disparu qui venait entouré de ses animaux tristes et de son bagout de foire sur scène : Jérôme Savary et son Magic Circus. Pierre Lericq est lui aussi un monsieur loyal hors pair. Il est de ces hommes, ces bateleurs qui savent emmener une troupe derrière eux et aussi transporter une salle dans leurs cabas.

J’avais rencontré les Épis Noirs lors d’un festival en Suisse il y a maintenant quelques années et j’avais été subjugué.

Une troupe de théâtre ambulant, dirigée par un « Monsieur Loyal » fulminant, mène ses comédiens à la cravache pour vous raconter la véritable, et non moins monstrueuse, histoire de Britannicus.

S’il a choisi Britannicus, c’est pour raconter sa véritable histoire, ne soyons pas dupe.

En 68 de notre ère, l’empereur Claude meurt empoisonné par sa femme Agrippine. Ainsi elle peut placer son fils Claude à la tête de l’empire et ainsi va l’histoire.

On aime cette façon de nous la raconter, de nous prendre à témoin d’une chronique qui s’égare un peu.

Sous les consignes d’un monsieur loyal totalement dictatorial qui mène sa troupe à la baguette.

Il sait que son heure est proche.  Les séquences s’enchaînent dans une remarquable mise en abyme.

La mise en scène de Lericq ne laisse aucun temps mort… que du bonheur, tout s’enchaîne, se complète nous embarque.

La pièce est bâtie sur une piste de cirque, on s’attend à voir apparaître les personnages classiques, les animaux tristes ou pas.  Seule une jeune écuyère se perd sur la piste sinon les autres viennent en force récupérer leur place au nez de ce monsieur loyal qui veut tout régenter, « Admirez le travail ! ».

Britannicus se dilue dans l’atmosphère.

C’est un magnifique travail d’écriture (en vers), de mise en scène également.

Pierre Lericq est un personnage à part dans le microcosme de la scène, car son écriture est originale, ses mises en scène sont chaque fois bourrées d’humour, c’est le genre de théâtre qui devrait être remboursé par la sécu… salle comble et applaudissements bien nourris. Pensez à réserver avant.

Jean Michel Gautier

 

Britannicus Tragic Circus

Texte, mise en scène et musique originale de Pierre Lericq

Avec Jules Fabre, Pierre Lericq, Gilles Nicolas, Tchavdar Pentchev, Marie Reache, Juliette de Ribaucourt,

Assistante mise en scène Bérangère Magnani
Scénographie Yves Kuperberg
Lumière François Alapetite
Son Jules Fernagut
Costumes Chantal Hocdé Del Pappas
Une création de la compagnie Les Épis Noirs