SALES GOSSES

 

La Caserne
116 rue Carreterie
84000  –Avignon

du 7 au 26 juillet
à 12h45
relâche le mardi

 

Sales gosses loupe 

 

Avant d'entrer dans le jeu et le récit, regardons ce qui nous fait face : la scénographie. Des élastiques pendus au plafond et attachés à des plots sur le sol. Cela délimite un espace, un territoire en mouvement. Un lieu polysémique, ouvert à bien des interprétations.

Une jeune fille va se mouvoir au centre de cet univers. Dans un coin un musicien va jouer de la batterie, de la guitare du sampler, il va être la deuxième voix, le comparse...

Sa fonction est de répondre à la jeune fille ou de prolonger son discours.

Puis le récit démarre, la comédienne va investir tous les rôles adultes comme enfants. Elle est une institutrice qui cherche à faire progresser ses élèves, une mère de famille un peu dépassée, la petite sœur du personnage central, les compagnes d'école et la jeune fille aux élastiques. Cette jeune fille est loin d'être une enfant sage, c'est une gamine pleine de ressources, qui ne mène pas une scolarité exemplaire, loin s'en faut.

Un jour elle tient tête à son institutrice et finit les mains attachées derrière le dos. On pourrait en rester là… mais les autres enfants de la classe vont à la récréation copier la maîtresse et attacher à leur tour la gamine puis pousser le jeu plus loin en lui faisant subir différents sévices.

C'est malsain à souhait.

Mais doit-on pour autant faire le procès d'un régime à présent mis à bas, le règne Ceausescu  est bien fini et cette institutrice n'en est pas un exemple criant.

Ainsi ce ne sont pas les conditions d'éducation qui sont à incriminer mais l'ambiance de la cour de récréation. Là, il y a du grain à moudre. Ces enfants sont d'une cruauté, d'une méchanceté insondable. Ils sont ce que sont les enfants, baignés dans une culture télévisuelle sans filtre.

L'actrice Claire Cahen est admirable de justesse, son jeu est mesuré, juste posé en équilibre entre deux personnages. Elle porte la pièce à elle seule.

Le musicien Jorge De Moura ponctue avec brio la pièce, deuxième voix, deuxième personnage.

La scénographie de Marco Godinho est magnifique, ces câbles déplaçables créent à chaque fois un nouvel univers, une nouvelle niche, un cocon.

C'est dire si avec peu on fait beaucoup et on réussit à nous embarquer dans une histoire du XXI° siècle où les enfants ne sont pas des anges.

Jean Michel Gautier

 

Sales gosses

de Mihaela Michailov
mise en scène de Fabio Godinho

avec Claire Cahen

création sonore Jorge de Moura
scénographie Marco Godinho
lumières Antoine Colla