Artéphile
7 rue du Bourg Neuf
84000 – Avignon

du 7 au 28 juillet

à 15h

 

 

 

Elle est sur scène, répétant son spectacle « La Princesse de Clèves. » Envoûtée et envoûtante, elle est investie totalement dans son rôle, hermétique à l'autre. Aussi, lorsqu'arrive un jeune comédien, elle le repousse, ne supporte pas qu'il interfère dans son espace.

Il se veut discret, lui propose de partager le plateau en se faisant oublier ; une Princesse de Clèves investie par un profond désir mystique. Mais la comédienne veut que son désir reste intact, que rien ne fasse se dissiper son état. Son désir est psychique, il est du domaine de l'esprit, elle repousse la dimension physique.

Alors on va du texte à l'esprit, on oscille entre réflexion et réalité, elle est une héroïne, une princesse qui n'appartient à personne, qui espère l’exceptionnel, l'unique. Qui est au-dessus du monde.

Elle ne se laisse pas désarçonner mais surtout tout se mêle, tout est tendu comme les courroies des suspensions qui pendent du plafond. On a face à face son corps luisant dans une quête physique, assez fermé et les élans de la comédienne emprisonnée dans son personnage, investie, subjuguée pour n'être que l’héroïne.

Rien n'est rationnel puisque le désir est par essence irrationnel et surtout il n'est jamais satisfait et ne doit pas l'être.

Alors notre princesse va rester dans les sphères de la quête inassouvie, dans les limbes de l'insatisfaction.

Yolanda Creighton et Benoit Margottin sont bien dans leurs rôles de jeunes premiers, avec la fougue nécessaire, ils sont parfaits. On aurait aimé plus d'espace tant dans la largeur que dans la hauteur, c'est à mon avis trop bas, mais c'est ainsi. La mise en scène et les lumières sont excellentes. Une belle pièce.

Jean Michel Gautier

 

Désir

compagnie MSKT

mise en scène Anne Frédérique Bourget
avec Yolanda Creighton et Benoît Margottin

lumière Bastien Gérard
complicité chorégraphique Cristina Santucci