Théâtre Ouvert
159 av. Gambetta
75020 Paris
01 42 55 74 40

Jusqu’au 21 octobre 2023
lundi, mardi, mercredi à 19h30 / jeudi, vendredi à 20h30.
Samedi 7 octobre à 20h30 – samedi 14 et 21 octobre à 18h

 

 

 

« La famille, dit Théo Askolovitch, auteur et comédien, c'est peut-être ce qu'il y a de plus important pour moi. » Et il le prouve : après "66 jours", monologue narrant la lutte d'un jeune homme (lui) contre le cancer, il enchaîne avec une histoire qu'on pourrait croire inspirée de sa propre vie. Le thème : la mort d'une mère.

Trois personnages sont en scène, la fille, le fils et le père.

On entre, on  sort, on s'interpelle sur cette scène nue que viennent parfois occuper quelques chaises.

Comme il y a une littérature auto-fictionnelle, l'auteur creuse cette veine au théâtre : il le fait simplement, sans esbroufe, avec une sincérité qu'on ne peut lui dénier.

Soit donc un décès qui vient cueillir Nola, la fille en vacances. Elle raconte. Le père a aidé Sacha, le fils, à préparer un discours. La fille lit son texte. La père, lui, préfère évoquer Il n'y a pas d'amour heureux d'Aragon. Après l'enterrement, ce sera la shiva, période de deuil à respecter. Le fils ironise bien un peu sur la religion mais sans plus.

« Je vis sans elle mais avec elle. Je la vois partout ! » confie le père avant d'évoquer sa rencontre avec Zoé, la mère.  Le fils lâche : « Cette tristesse, c'est moi ! »

On voit beaucoup de premier degré dans cette écriture, écriture parfois inspirée mais aussi souvent plate ou redondante.

Les comédiens animent au mieux ces échanges, avec une mention spéciale pour Serge Avédikian, brillant dans ce rôle de père, rôle en demi-teintes, mais qui offre des moments grandioses, celui où il danse, notamment.

La pièce rebondit, si l'on ose dire, puisque le père, assez vite (trop vite, de l'avis de Nola et Sacha)  fait une autre rencontre. La nouvelle, Lucie voudrait bien un enfant. Lui aussi.

Le bébé naît.

L'auteur-metteur en scène-interprète pratique le mélanfge des genres : il ne s'interdit rien, ni les apostrophes au public, ni le théâtre dans le théâtre, ni même l'analyse : — Qu'est-ce que ça raconte pour toi ? demande à un moment le fils à son père.

Il y a quelques projections sur écran, plutôt bien venues et la fille qui chante Il n'y a pas d'amour heureux suivie de Françoise Hardy dans le même exercice. Bon.

Au final, un spectacle que l'on aurait aimé aimer davantage. Il n'en reste pas moins une fine analyse d'un deuil et la difficulté ensuite pour une famille de se reconstruire. Le tout fait avec une sensibilité certaine et, répétons-le, une sincérité que l'on ne saurait prendre en défaut.

Gérard Noël

 

Zoé (et maintenant les vivants)

Texte et mise en scène : Théo Askolovitch
Collaboration artistique : Marilou Aussiloux

Avec : Théo Askolovitch, Marilou Auusiloux, Serge Avédikian