NUIT
Théâtre des Quartiers d’Ivry
Manufacture des Œillets
1 place Pierre Gosnat
Ivry-sur-Seine
www.theatre-quartiers-ivry.com
Réservations 01 43 90 11 11
Jusqu’au 4 décembre puis en tournée
Jeudi, vendredi à 20h – samedi 18h – dimanche 16h
On croirait que ce n’est pas écrit et pourtant, c’est écrit finement. On croirait parfois que ce n’est pas joué et que les comédiennes les comédiens sont ce qu’ils disent, vivent sur scène et pourtant, c’est joué et rudement bien joué. On croirait que les répliques ne disent que des banalités, même parfois, que les discussions ne se répondent pas ou changent soudain de sujet et pourtant c’est tout un discours sur la vie qui se tisse comme en direct devant nous. Évidemment ils sont quand même un peu bizarres ces personnages.
Ils sont très grands et minuscules à la fois. Très grands dans leurs désarrois face à l’existence et ce vide, ce grand vide devant et derrière, autour et au-dedans d’eux-mêmes, et ils sont vraiment petits quand leurs préoccupations ne dépassent pas leurs si petites particulières existences, subsistances, leurs appétits vite rassasiés, leurs désirs vite passagers. Car s’ils sont particuliers, en prise avec leurs sentiments, leurs visions du monde, ils sont surtout très ordinaires.
Les quatre principaux protagonistes de cette pièce qui par moment s’attarde dans l’opérette, sont en crise, mais c’est semble-t-il une crise perpétuelle, renouvelée d’années à années, avec ses variations. Un frère et une sœur et un couple qui se croisent se rencontrent se palpent dirait-on comme les poulpes, du bout des doigts ou des tentacules, s’examine, peut-être à la recherche de réponse ou de vie ou d’espoir ou d’on ne sait quoi.
La vie est ici une drôle de farce tragique, un peu absurde, un peu poignante, qui sous des dehors étranges interroge le présent, le temps qui passe parfois en ne laissant que des traces invisibles, mais profondes, car tous les quatre sont dans un vécu bien avancé. On imaginerait qu’ils ont acquis une forme de connaissance, de sagesse, et c’est tout le contraire. Le monde moderne les percute, et les voilà qui obéissent aux injonctions du « il faut ». Il faut aimer, il faut protéger la nature, il faut rire ou manger ou faire l’amour, il faut vivre, il faut mourir parfois. Ce qui nous hante insidieusement dans les nouveaux rapports sociaux (qui ressemblent de plus en plus à des rapports administratifs…) persécute ces personnages malgré eux et ce n’est plus à l’évidence eux-mêmes qui pensent, mais les injonctions.
Autour, des joggers, des serveurs, des festivités… le monde. Autour de ce cercle qui semble l’œil du cyclone en attente de la catastrophe, les comédiens tournent, chantent, s’étreignent et s’entraînent dans une danse totalement comique totalement désespérée, mais que d’esprit et de talents pour une telle ode à l’innocence égarée.
Bruno Fougniès
Nuit
Texte et mise en scène Philippe Minyana
Assistante à la mise en scène Emma Santini
Avec Luce Mouchel, Jérôme Billy, Sarah Biasini, Florent Baffi, Emma Santini, Balthazar Gouzou
Compositeur et interprète Nicolas Ducloux
Costumes Charlotte Villermet
Lumières Olivier Oudiou
Régisseur Général Simon Desplebin
Tournée
18 > 19 janvier Malraux - Scène nationale de Chambéry-Savoie
24 janvier Théâtre d’Avranche - Communauté d’Agglomération du Mont-Saint-Michel – Normandie
31 janvier > 1er février Comédie de Caen - CDN de Normandie
17 févier Théâtre de Chelles
Mis en ligne le 1er décembre 2022
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