LES NUITS ENCEINTES
Théâtre Ouvert
159 Avenue Gambetta
75020 Paris
01 42 55 74 40
Jusqu’au 16 déc.
Lundi, mardi, mercredi à 19h30. Jeu, ven à 20h30.
Sam 10 décembre à 18h.
« La nuit est enceinte, mais nul ne connaît le jour qui naîtra » dit un apologue chinois. Voilà pour le titre.
Étrange pièce que celle de Guillaume Béguin : elle se présente comme un mélange, pas toujours bien maîtrisé, entre une pièce sociale, louchant vers le politique et une œuvre ambitieuse tentant de philosopher sur la vie, les relations humaines et leurs difficultés.
Soit donc, deux sœurs qui se revoient après pas mal d'années : il y a Claire et l'occupante de la maison, Mélisande. Claire est accompagnée de son mari (mariage de pure convention, car il est gay) et son amie Lou, jeune femme qui rêve de théâtre. On rencontrera aussi Pierre (dit Petit moujik) le factotum de Mélisande et Maxime, plus ou moins recueilli ou adopté.
Après de classiques retrouvailles dans le grande maison délabrée qui a vu grandir les deux sœurs, on en vient à l'environnement. Et ce qui se passe autour est plutôt grave : c'est la construction d'une autoroute. On pense à Notre-Dame des Landes, avec cette prise de contrôle politique d'un espace et la résistance qui se déploie contre. Tout y est, les baraques, le côté festif et jusqu'à ces clowns-activistes qui font rêver Lou.
On notera a posteriori, que des personnages ont emprunté leurs prénoms à des comédiens qui les incarnent. Pourquoi pas ?
Le décor est somptueux, fait de traverses sur lesquelles les comédiens naviguent, au gré de la pièce. La mise en scène fait ce qu'elle peut, mais laisse souvent en plan les personnages, lesquels ne réagissent que quand on s'adresse à eux. Ceci étant surtout vrai dans la première partie.
Michel Vinaver opposait les "pièces-paysages" où prime l'attente et les "pièces-machines" où l'action est déterminante : ici, on a un peu des deux.
Guillaume Béguin aurait-il eu la main trop lourde et a-t-il voulu trop embrasser ? Toujours est-il que des moments très beaux voisinent avec du sous-Maeterlinck, dans le pseudo-poétique ou les phrases définitives; C'est dommage, car il en résulte une œuvre boursouflée, qui se prend très au sérieux, là où on aurait aimé, parfois, de la légèreté.
Les personnages, qui ne communiquent guère vraiment entre eux, malgré les apparences, sont tout d'une pièce : l'écolo reste écolo et la bourgeoise traitant de fascistes les "activistes" ne dévie pas d'un iota.
En même temps, on peut comprendre l'auteur : fuyant le psychologique et le rationnel trop rationnel (quel ennui !) il a visiblement choisi de traiter son sujet de façon personnelle.
Il a voulu innover, ce qui est bien dans la ligne de "Théâtre Ouvert" où la pièce est donnée. Pour cela, on lui pardonnera les scories du spectacle... et on se risquera à aller voir ce qui est la tentative de tracer une voie nouvelle, une approche globalisante où le politique n'est jamais loin du "privé" tout deux sublimés par un langage poétique.
Gérard Noël
Les Nuits enceintes
Texte et mise en scène : Guillaume Béguin
Dramaturgie : Guillaume Gayet
avec : Lou Chrétien-Février, Julie Cloux, Romain Daroles, Claire Deutsch, Maxime Gorbatschevsky, Pierre Maillet
Collaboration artistique : Aurélia Lüscher
Stagiaire mise en scène : Charline Curtelin
Scénographie : Sylvie Kleiber
Assistanat scénographie : Gabrielle Ritz
Lumières : Luc Gendroz
Musique : Louis Jusker
Costumes : Séverine Besson
Perruques et maquillage : Cécile Kretzschmar, assistée de Malika Stähli
Son : Jonas Bernath
Régie générale : Matthieu Baumann
Régie plateau son : Benoît Boulian
Régie lumières : Zara Bowen
Mis en ligne le 8 décembre 2022
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