Entête

LES CRABES

 

La Scala (piccola Scala) 1
3 Bd de Strasbourg,
75010 Paris
01 40 03 44 30

Jusqu’au 26 mai 2024,
le samedi à 21h30, le dimanche à 17h30 ou 19h30

 

Les Crabes loupe

 

 

De Dubillard, on appprécie bien sûr Les diablogues, ou Naïves hirondelles ou encore Si Camille me voyait en remontant dans le temps.

Cette pièce-ci date de 1971. Définie par son auteur comme "un cauchemar comique", elle laisse perplexe : d'abord parce que son ambiance fait un peu penser à du Ionesco après Ionesco. On y voit deux jeunes gens manger des crabes : ils possèdent une maison qu'ils vont louer à un autre couple, plus âgé. Autant l'absurde et la fantaisie règnent entre les deux tourtereaux, avant, autant l'arrivée du couple (invraisemblalble duo à lunettes noires, elle, grande dame, lui plus roublard et cassant ...) va tendre l'ambiance.

Il y aura un certain nombre de constantes et leit-motiv, entre les crabes ou le chien, ce mystérieux chien dont on n'est pas sûr qu'il existe, même si on le soupçonne de receler une bombe.

La pièce, faite de scènes à deux ou à trois voire à quatre, oscille entre menaces et séductions diverses. Il y aura la question du contrat de location, le refus des jeunes de louer puis leur revirement, les appels à un plombier pour résoudre la problème de la fuite de la baignoire... Qu'on ne cherche pas de psychologie : tout est affaire de poésie, et de délires, au gré de la fantaisie (ici plutôt noire) de l'auteur.

La mise en scène se déploie bien, dans cette bonbonnière bleue  en forme d'arène, qu'offre la piccola Scala. Pour une fois, les projections en font de scène sont les bienvenues : elles nourrissent le spectacle et nous entraînent ailleurs. 

Côté interprétation, Maria Machado est un peu en retrait. La jeune Nèle Lavant s'en tire à peu près honorablement, mais moins bien que Samuel Mercer, au jeu affirmé et sensible . Lui seul semble avoir trouvé le ton juste.

Concernant Denis Lavant, ce n'est rien de dire qu'il aurait une (légère) tendance à écraser tout, à théatraliser la moindre de ses interventions, la plus petite réplique, le silence le plus anodin. Il a du métier et ne le cache pas. Disons, charitablement, qu'il tire le personnage à lui plutôt que le contraire : ses fans seront ravis, les autres un peu moins qui y verront un jeu qui se déploie brillamment mais en roue libre, au risque de déséquilibrer la pièce.

Il y a quand même de bons et beaux moments dans ce spectacle :  l'absurde y règne, l'excès également, certains moments sont cocasses et l'on peut aussi y voir une fable sur la drôle d'époque que nous vivons, époque de violence et d'incompréhension, d'amour et de mort mêlés. 

Gérard Noël

 

Les Crabes

De Roland Dubillard
Mise en scène : Franck Hoffmann

Avec : Denis Lavant, Maria Machado, Samuel Mercer, Nèle Lavant

Scénographie : Christoph Rasche
Vidéo / photo, costumes : Maya Mercer
Lumières : Daniel Sestak
Musique : René Nuss
Dramaturgie : Charlotte Escamez / Florian Hirsch
Ingénieur son : Guillaume Tiger
Montage : Jean Ridereau
Assistante mise en scène : Eugénie Divry