Entête

LE MENTEUR

 

Théâtre de Poche,
71 bd du Montparnasse
75006 Paris
01 45 44 50 21

Jusqu’au 11 décembre,
du mardi au samedi 21h, dimanche 15h.

 

loupe

Crédit photo © Pascal Gely

 

Ainsi donc le vieux Corneille (brocardé par Tristan Bernard) pouvait aussi être drôle.

Avant ses célèbres tragédies, on sait moins qu'il pondit quelques comédies... (La Galerie du palais...).

Imité d'Alarcon, ce "Menteur" tient toutes ses promesses. Après un début à la Pirandello, le théâtre dans le théâtre, la pièce qui suit va nous représenter ce qui s'est passé, il nous conte l"histoire de Dorante. Ce jeune étudiant de Poitiers, "monté" à Paris pour faire le coq, s'étourfit de cette vie qui semble facile et de ses femmes. Justement, il en croise deux et tombe immédiatement amoureux de l'une d'elle, la plus belle, confie-t-il à son valet Cliton.

Il y a la brune et la blonde... il y a aussi Alcippe, un vieux camarade à qui Dorante, pour l’épater, conte les fêtes merveilleuses qu'il aurait données. Premier mensonge.

On pense à une autre pièce de Corneille, "L'Illlusion comique", où c'est Matamore et ses rodomontades qui réjouissent le spectateur. Ici, les combats ou les duels sont surtout amoureux. Corneille, d'ailleurs, anticipe brillamment sur Marivaux avec ses chassés-croisés et ses échanges de rôles entre les deux jeunes femmes.

On parle, on se cherche, chacun et chacune dupe l'autre ou croit le faire.

Il y a aussi des couplets chantés, qui font un peu comédie musicale, le tout du meilleur effet.

Alcippe prend la mouche et fait des reproches à Clarice, son amoureuse, pour avoir participé à ces fêtes.

Bien sûr, le vieux père de Dorante (qui a parfois les accents d'un Don Diègue pour rire) intervient et met à son fils le couteau sous la gorge : il doit se marier ; nouveau mensonge de Dorante qui n'en est pas avare.

Tout au long, Cliton, le fidèle valet commente l'action, tente de raisonner son maître, quand il ne lâche pas quelques vérités aux autres personnages, histoire de les déciller sur la foi qu'on peut accorder aux dires de Dorante.

La mise en scène est efficace : Marion Bierry a du métier et a su tirer le meilleur de cette scène exiguë. Elle a aussi "adapté" Corneille, en taillant un peu dans le texte, ce qui nous donne une pièce d'une heure et demie environ. Néamoins, tout y est. 

Parlons des comédiens  : Alexandre Bierry (d'une illustre famille) se taille la part du lion : tout à tour faraud ou inquiétant, insinuant ou tonitruant, il "tient" son Dorante, bien secondé par Benjamin Boyer en Cliton (en anternance avec Thierry Lavat). Mathilde Riey et Anne-Sophie Nallino sont très bien, dans leurs rôles d'amoureuses comploteuses. Serge Noël, une valeur sûre, incarne Géronte, père de Dorante. Et Brice Hillaret brille dans le rôle, pas si simple, de l'ami Alcippe.

Gérard Noël

 

Le Menteur

De Pierre Corneille
Mise en scène et adaptation : Marion Bierry

Avec : Alexandre Bierry, Benjamin Boyer ou Thierry Lavat, Brice Hillaret, Anne-Sophie Nallino, Serge Noël, Mathilde Riey

Décor : Nicolas Sire
Costumes : Virginie Houdinière, assistée de Laura Cheneau
Assistant à la mise en scène : Denis LamaÎtre