LE DINDON
Théâtre Déjazet
41, boulevard du Temple
75003 Paris
01 48 87 52 55
Jusqu’au 18 janvier
Du mardi au samedi à 20h30
matinée samedi à 16h45
Feydeau ne vieillit pas, au contraire, il rajeunirait plutôt. Certains pièces sont longues et tirent un peu à la réplique, ce n’est pas le cas du "Dindon". La trame : un certain Pontagnac suit une femme dans la rue, avec des intentions... évidentes ; Il réussit même à s’introduire chez elle. Lucienne le remet en place, insiste pour qu’il parte, mais il s’accroche. Elle appelle alors M. Vatelin, son mari. Surprise, le mari connaît le nommé Pontagnac, lequel s’empêtre dans ses dénégations. Arrive sa femme à lui et les deux épouses sont d’accord sur un point : s’il arrivait que leurs maris les trompent, elles lui rendraient aussitôt la pareille. La fameuse loi du Talion.
Ajoutez à cela Rédillon, un soupirant éperdu de Lucienne, un lieu, l’hôtel Ultimus où les uns et les autres vont descendre... histoire de se garantir tranquillité d’un côté et flagrant délit de l’autre. Tout est mûr pour que l’acte deux soit un morceau de bravoure, un festival de quiproquos, qui mêlera Maggy, une ex’ de Vatelin, qui rêverait de le reconquérir et un vieux couple, les Pinchard, où l’épouse est sourde comme un pot. Des timbres électriques joueront aussi un rôle non négligeable. Un(e) commissaire interviendra, il y aura bien sûr erreur sur la personne mais tout se dénouera, en bien ou en mal (ici plutôt sur un mode touchant) à l’acte trois.
Dans un décor transformable, il fallait une mise en scène alerte et toute au service de la pièce, nous l’avons. Les comédiens, jeunes, sont au nombre de sept, certains jouant plusieurs rôles. Et ils sont très efficaces.
On appréciera donc la drôlerie de la chose, les répliques à l’emporte-pièce, les entrées et sorties selon le bon vieille adage qu’il faut, pour une bonne comédie, faire se rencontrer (ou risquer de se rencontrer) des gens qui ont toutes les raisons de ne pas le souhaiter.
Feydeau n’est pas le roi du bon mot ou de la réplique qui fait mouche (encore que...) Sa force à lui, c’est plutôt le comique de situation et ce "Dindon" est un modèle du genre. Feydeau n’est pas Labiche, même s’il lui emprunte les noms à trois syllabes et, ici, un personnage de vieux domestique très familier avec son maître, pour la simple raison qu’il l’a vu naître. Une réplique au hasard : Gérome, le domestique trouve au matin des vêtemnts féminins près du divan et s’exclame : — Encore une jupe, partout des jupes ! Il est incorrigible ; mais qu’est-ce qu’il peut bien en faire ?
Certains feront peut-être la fine bouche, mais c’est fait ici avec un tel premier degré (au bon sens du mot) qu’on ne peut que se laisser emporter par le tourbillon.
Et rire, bien sûr.
Gérard Noël
Le Dindon
de Georges Feydeau.
Mise en scène, adaptation et scénographie : Anthony Magnier
Avec : Anthony Magnier, Magali Genoud, Xavier Martel, Marie Le Cam, Laurent Paolini, Julien Renon, Delphine Cognard
Soutien : SPEDIDAM
Mis en ligne le 23 décembre 2019
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