Entête

LA NUIT DES ROIS

 

Théâtre Lucernaire
53 rue Notre-Dame des Champs
75006 Paris

Jusqu’au 27 août 2023
À 18h30 du mercredi au samedi, à 15h le dimanche

La Nuit des rois loupe

 

 

Orsino aime Olivia qui aime Césario. Ça vous rappelle quelque chose ? Mais c’est ici plus compliqué, car Césario est en réalité Viola qui s’est déguisée en homme mais qui est sous son costume tombée amoureuse d’Orsino. Il est donc question de travestissement dans cette comédie shakespearienne, mais aussi d’identités naufragées, de trouble dans le genre, de confusion de l’amour, de gémellité et d’homosexualité latente. Et sur la scène, des désirs, égarés ou inavoués, lancés à la recherche de leurs véritables objets – au milieu, comme il se doit, d’un bouffon et de quelques ivrognes.

Pour aider le public à se repérer dans l’intrigue, Olivia (Céline Laugier) enfile parfois une veste de cuir et se coiffe d’un chapeau, comme la Madame Loyal au milieu de tout ce cirque (ce que confirment les costumes et les baguettes de bois). Car si l’amour se mêle à la farce dans La Nuit des rois, c’est bien la farce qui l’emporte dans la mise en scène de Benoît Facerias. Revisitée, raccourcie, nourrie de musiques contemporaines, la pièce gagne en virevoltante énergie ce qu’elle perd peut-être du côté du drame, et joue la proximité au plus près du public qu’il interpelle à l’occasion, conformément à l’usage du théâtre élisabéthain. The show must go on !

Frédéric Manzini

 

Enième adaptation de la pièce de Shakespeare au théâtre, pourquoi pas ? 

Nous sommes prévenus dès le début : six comédien(ne)s vont jouer quinze personnages en 1h10. Il y a des incontournables : le spectacle débute par des invectives suivies de bouderies avant que les comédiens ne se glissent dans la peau des personnages. Il y aura aussi des résumés assumés, tant la pièce du vieux Will est touffue, multipliant les actions parallèles...

Au départ, deux jeunes gens jumeaux (garçon et fille) font naufrage, s'en tirent mais sont séparés. Ils trouvent refuge en Illyrie. Là, Viola (déguisée en jeune homme) devient amoureuse d'un nommé Orsino, lequel est fort amoureux lui-même d'Olivia. Et ne voilà-t-il pas qu'Olivia tombe amoureuse elle-même ... de Viola.

Ajoutez un soupirant ridicule d'Olivia (qui ira jusqu'à sourire niaisement et porter des bas jaunes) un trio de pochards, des chansons (connues ou pas) des musiciens sur scène.

Le sort de Sébastien (l'autre jumeau) est un peu occulté mais il revient à la fin, rassurez-vous, quand sa présence devient vraiment nécessaire.

La scène est nue, à la Vitez. Les comédiens, eux,  sont inspirés.

Le résultat, on nous pardonnera d'écrire cela, est bancal : si l'intrigue souffre d'un certain flou, si les enchaînements sont parfois un peu artificiels, le jeu, par contre, convainc souvent.

Ces jeunes comédiens sont inégaux, mais certains rôles (Malvolio, Fest le fou...) ainsi que le duo Olivia-Viola, arrivent à nous toucher. À faire vibrer la pâte shakespearienne, faite d'un mélange de grandeur, de poésie et de trivialité.

Un spectacle auquel emmener les enfants, pour qu'il découvre cette "Nuit des rois", auquel venir aussi pour réviser ses classiques.

Gérard Noël

 

La Nuit des rois

De William Shakespeare
Mise en scène : Benoît Facerias assisté de Nolwen Cosmao
Musique originale : Roman Facerias
Scénographie : Marine Brosse
Costumes : Thomas Denis
Lumières : Nathan Sebbagh

Avec : Pierre Boulben ou Melchïor Lebeaut (Feste et Sébastien), Benoît Facerias ou Maxime Bocquet (Sir Thoby), Céline Laugier ou Nolwen Cosmao (Olivia), Ugo Pacitto ou Clément Paul Lhuaire (Sir Andrew et Orsino), Arnaud Raboutet ou César Duminil (Malvolio), Joséphine Thoby ou Justine Morel (Viola et Maria).