Théâtre de l’Opprimé
78/80 rue du Charolais
75012
Tél : 01 43 45 81 20

Jusqu’au 7 avril 2024

Du mardi au samedi à 20:30  / dimanche à 17:00 / supplémentaire samedi 6 avril à 16:30

 

 

 

Juliana, la cinquantaine, est à l’apogée de sa carrière scientifique. Mère d’un médicament capable de combattre les maladies de la mémoire, elle passe son existence d’avions en hôtels de luxe dans toute l’Amérique du Nord, pour initier à sa découverte des foules de médecins. Des conférences bien rodées qu’elle mène avec poigne, car elle est la plupart du temps la seule femme dans un monde d’hommes. Mais c’est une femme de caractère, de tempérament et de tête.

Cette frénésie de travail, de voyages, de rencontres, cette absolue dévotion à sa carrière cachent pourtant une blessure ouverte. Sa fille, Laura a disparu, il y a plusieurs années, alors qu’elle était encore une adolescente. Un drame dont on devine que Juliana se sent en partie responsable mais un drame qui ne l’empêche pas de poursuivre son œuvre malgré tout, intimement convaincu que la molécule qu’elle a créée est capable de réparer toutes les mémoires abîmées par les maladies, les tumeurs, les démences.

L’auteur américain Sharr White distille avec art et suspens les indices qui dévoilent peu à peu l’histoire tragique de cette chercheuse. Des scènes courtes, des ellipses de temps ingénieuses, des changements de lieux rapides forment comme une mosaïque à l’apparence désordonnée qui au fur et à mesure prend son sens. C’est presque la forme d’une enquête policière qu’il propose à l’attention du public, et c’est aussi par bribes et minuscules indices que Juliana découvre le mal dont elle souffre.

Pied de nez du destin, commence avec des pertes de mémoire. Le premier dont elle a conscience se déroule en plein milieu d’une de ses conférences qu’elle connaît pourtant par cœur. Un cerveau qui se bloque. Des mots qui ne parviennent plus à sortir de la bouche. Elle pense au début à un AVC. Puis à une tumeur au cerveau, peut-être cancéreuse. Elle est bien entourée. Son mari est un cancérologue réputé.

Bientôt, tout un monde fantasmé s’accouple aux réalités qu’elle vit. Elle échange des coups de fil avec l’homme qui est parti avec sa fille, puis avec sa fille elle-même, elle se convint que son mari et elle sont en train de divorcer, elle finit par se rendre dans la Maison d’à côté, une maison de campagne qui est dans sa famille depuis longtemps, dans laquelle ils ont passés presque tous leurs congés durant toute l’enfance de Laura. Mais est-ce que tout ceci est vrai ou bien est-ce le résultat d’un trouble psychique grave ?

La pièce de Sharr White explore ainsi sous une forme délicate, en pointillés, la démence de cette femme que rien ne destinait à perdre la mémoire. Le titre peut aussi indiquer le phénomène qui envahit soudain Juliana. La Maison d’à côté c’est peut-être en un sens ce que le langage populaire dit, en parlant d’une personne prise de démence : il déménage !

La mise en scène de Christophe Hatey et Florence Marschal (cette dernière interprétant Juliana avec une présence incontestable) use de stratagèmes simples pour rendre compte des différents changements de lieux, de temps. Des jeux de lumières, quelques meubles accessoire et deux paravents en fond de scène servant aux apparitions de personnages et aux changments rapides suffisent à garder la vivacité de la pièce sans alourdir le rythme avec des passages au noir. Un système qui fonctionne bien mais qui devient un peu routinier et sans surprise à terme. Reste que le spectacle est agréable, la pièce bien construite et le propos subtil.

Bruno Fougniès

 

La Maison d’à côté

De Sharr White

Traduction française : Gérald SIBLEYRAS

Mise en scène de Christophe HATEY et Florence MARSCHAL

Avec Jean-Jacques BOUTIN, Christophe HATEY, Florence MARSCHAL, Samantha SANSON
La jeune fille sur la vidéo : Moon PAING-PIROTIN

Vidéo : Clara Ott
Lumière : Tristan Godat, Marc Augustin-Viguier

 

Tournée :

THÉÂTRE DE L'ABBAYE

3 impasse de l'Abbaye, 94100 Saint-Maur

Samedi 9 novembre 2024 à 20h30 dimanche 10 décembre 2024 à 16h00