Entête

L’AVARE

 

Théâtre de la Tempête
Cartoucherie
Route du champ de manœuvre
75012 Paris
01 43 28 36 36

Jusqu’au 20 octobre 2024
Du mardi au samedi à 20h et le dimanche à 16h

 

L’Avare loupe

 

 

Ne vous étonnez pas si, dans les navettes qui conduisent à la Cartoucherie, vous voyez des gens portant de gros sacs. C’est que L’Avare qui se joue à la Tempête fait appel à la prodigalité des spectateurs : pour habiller les comédiens – qui vous accueilleront d’abord en sous-vêtements – mais aussi pour accessoiriser la pièce, vous pouvez apporter ce que vous souhaitez (et qui sera, à l’issue des représentations, redonné à une ressourcerie solidaire…). Bouteilles, chapeaux, rideaux, jeux de société, masques de plongée ou tapis de yogas : aux comédiens et aux techniciens d’inventer au plateau, chaque soir, de nouveaux moyens d’utiliser ces dons.

Derrière ce bric-à-brac qui donne beaucoup à rire, la question est en effet posée : de quoi sommes-nous prêts à nous séparer, et à quoi tenons-nous plus que tout ? Et cette question revêt aujourd’hui un enjeu de société majeur : entre les difficultés économiques, le rejet de la surconsommation et les préoccupations écologiques, l’omniprésente injonction de prodigalité ne fait-elle pas de nous tous des Harpagon d’aujourd’hui ?   

Ainsi les ingrédients sont-ils rassemblés pour nous permettre d’apprécier différemment cette pièce si (trop ?) connue qu’est L’Avare. Car c’est bien le texte de Molière – à peine revisité – et lui seulement qui est donné à entendre, même si l’inventivité de la mise en scène nous le fait écouter autrement que dans nos souvenirs de bancs d’école. Clément Poirée souligne aussi le conflit de génération qui oppose l’insouciance de la jeunesse à la crispation de la vieillesse. Mais le spectacle est aussi et surtout détonnant, virevoltant, et totalement rendue à sa dimension comique. Très bien dirigés mais libres dans leur jeu, les comédiens sont aussi remarquables que drôles, depuis un John Arnold qui campe un Harpagon à la fois terrifiant et ridicule (le seul à être vêtu de manière classique, en décalage avec le reste des personnages) jusqu’à une Anne-Élodie Sorlin qui fait une épatant Frosine. À consommer sans retenue.

Frédéric Manzini

 

L’Avare

De Molière
Mise en scène : Clément Poirée
Collaboration à la mise en scène : Pauline Labib-Lamour
Scénographie, accessoires : Erwan Creff assisté de Caroline Aouin
Lumières : Guillaume Tesson assisté de Marine David
Costumes Hanna Sjödin assistée de Camille Lamy et de Malaury Flamand
Musique, son : Stéphanie Gibert assistée de Farid Laroussi 
Maquillage, perruques : Pauline Bry-Martin assistée de Sylvain Dufour
Régie générale, régie plateau : Yan Dekel
Habillage Émilie Lechevalier, Solène Truong 

Avec John Arnold, Mathilde Auneveux, Pascal Cesari, Virgil Leclaire, Nelson-Rafaell Madel, Laurent Ménoret, Marie Razafindrakoto, Anne-Élodie Sorlin