LA TRAGÉDIE D’HAMLET

 

30/03/2021 Théâtre d’Auxerre
9/11/2021 Carré, Scène Nationale de Château-Gontier
Hiver 2022 : 7/01 au 21/04 Théâtre Victor Hugo, Bagneux (en cours)
8 au 19/02/2022 Théâtre 13-Jardin

 

Hamlet loupePhoto : Laurent Schneegans  

 

Cette mise en scène de Guy-Pierre Couleau choisit la suggestion en refusant les chemins trop balisés : dès le début, un fumigène évoque les brumes d'Elseneur… et les personnages sont assis sur des chaises, à vue. Ce cadre, façon théâtre bourgeois, porte en lui une contradiction. Il refuse le sensationnel et les clichés, ce qui est bien, et peine, parfois, à nous emmener dans la folie d'Hamlet et le sac de nœuds familial qui entoure ce prince du Danemark.
Il faut souligner tout d'abord la qualité des comédiens : certains sont un peu inégaux mais la plupart emportent nettement l'adhésion (une mention spéciale à Benjamin Jungers, dans le rôle-titre et à Emil Abossola M'Bo qui joue Claudius, père d'Ophélie avec conviction). Ophélie a une façon bien à elle de bouger et danser, entre sensualité et violence qui marquent de façon durable.
On ne s'en souvenait pas forcément, mais la pièce abonde en répliques-choc : « Plus de matière et moins d'art » dit Gertrud au père d'Ophélie, tandis que Guildenstern se dit « Heureux de ne pas être trop heureux » et qu'Hamlet lance : « Que peut faire un homme sinon être joyeux ! ».
Le spectre (du père d'Hamlet), ici évoqué avec une voix amplifiée, pas nouveau nouveau, mais cela fonctionne. Qu'Hamlet tue en rompant les cous plutôt qu'en se servant d'une épée est… inattendu et l'on n'en saisit pas complètement la raison. La discussion entre les deux fossoyeurs est bien venue, en bas de la scène, juste devant les premiers rangs. La folie d'Hamlet, comme la représentation des comédiens, censée faire « craquer » Claudius passe bien. De même, intention subtile, la simplification du costume des personnages qui laissent tomber cravate et veste pour se retrouver en pantalon et chemise plus intemporels.
On attendait également Hamlet au tournant pour le fameux « To be or not to be ... » et le comédien le rend sobrement, en commençant par regarder ailleurs avant de se mettre à fixer les spectateurs.
Au final, un spectacle qui offre une présentation nouvelle et originale d'une pièce que l'on croyait connaître, tant on l'a vue et revue.
N'hésitez pas, dès que l'occasion se présentera, à prendre le chemin du Théâtre 13.

Gérard Noël

 

La Tragédie d’Hamlet

de William Shakespeare.
Mise en scène : Guy Pierre Couleau
Scénographie : Delphine Brouard
Lumières et régie générale : Laurent Schneegans.
Costumes : Camille Pénager
Musiques et sons : Frédéric Malle.
Chorégraphie de combat : Florence Leguy
Assistante à la mise en scène : Mona Martin-Terrone
Maquillage et coiffure : Kuno Schlegelmilch

Avec : Anne Le Guernec, Nils Ohlund, Emil Abossolo M'Bo, Bruno Boulzaguet,
Benjamin Jungers, Sandra Sadhardheen, Thomas Ribières et Marco Caraffa