DYSTOPIA - UN POYO ROJO #2
Théâtre du Rond-Point
2bis Avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris
01 44 95 98 21
Jusqu’au 30 octobre 2022
Du mardi au dimanche à 18h30
Luciano Rosso et Alfonso Barrón avaient connu un immense succès international avec Un Poyo Rojo, un spectacle de teatro físico qui explorait les relations humaines dans les vestiaires d’une salle de sport. Le lien entre les deux spectacles est évident : des images du premier sont même diffusées avant l’entrée en scène des deux artistes.
Dans ce second opus, il y a deux évolutions majeures : le recours à la parole – les deux comédiens ne disaient pas un mot dans Un Poyo Rojo – ainsi que l’utilisation des écrans et des caméras.
Cette fois-ci, le duo est invité dans une émission de télévision pour revenir sur son succès et présenter plusieurs numéros. Ainsi, la scène est souvent coupée en deux : à l’écran deux présentatrices – Luciano et Alfonso affublés de robes et de perruques – et au centre de la scène, les deux artistes, en chair et en os, devant un fond vert qui servira à incruster leur propre corps en mouvement dans des images diffusées à l’écran, grâce à la technique du Chroma Key. Ainsi, on les retrouve dans des situations plus loufoques les unes que les autres : parmi une horde de pingouins, dans les airs, au cœur d’un volcan, entre autres. À d’autres moments, la caméra déforme leurs visages, rappelant les filtres d’Instagram, et cela leur permet de se mettre dans la peau de personnages tous plus caricaturaux les uns que les autres : le conspirationniste, l’adolescent, les Helder, ou encore ceux qui combattent le capitalisme en twittant depuis leur IPhone 14. Le travail sur le son, avec l’utilisation d’un looper à plusieurs reprises vient compléter la dimension visuelle.
Il y a des numéros déjantés, drôles et entraînants ; mention spéciale à la succession de tubes comme Asereje de Las Ketchup, Rock Dj de Robbie Williams, It’s All Coming Back to Me Now de Céline Dion, Toxic de Britney Spears et d’autres titres de Mickael Jackson ou des Backstreet Boys. Mais il y a aussi des dénonciations et des critiques grinçantes. La première, celle de ce que Gilles Lipovetsky et Jean Serroy appellent l’« écranisation du monde », un monde où les images arrivent de toutes part, et qui, tel que l’explique le metteur en scène Hermes Gaido « se consomment souvent sans recul » et « portent en elles un pouvoir de conditionnement et d’injonctions insidieuses ». La seconde, les problématiques actuelles tournées en ridicule avec une ironie jubilatoire, par exemple lorsque les deux présentatrices demandent au duo si le spectacle est vegan ou comment ont été traités les pingouins lors du tournage. Une belle performance de Luciano Rosso et Alfonso Barrón, avec une chanson finale qui s’impose comme l’hymne de la dystopie.
¿De dónde venimos? ¿Hasta dónde llegamos? ¿Cuál es el destino del ser humano?
Ivanne Galant
Dystopia - Un poyo rojo #2
Création : Alfonso Barón, Hermes Gaido, Luciano Rosso
Collaboration : Julien Barazer
Mise en scène : Hermes Gaido
Chorégraphie et interprétation : Alfonso Barón, Luciano Rosso
Scénographie : Hermes Gaido, Alfonso Barón, Luciano Rosso
Lumière : Hermes Gaido
Musique originale : Hermes Gaido, Alfonso Barón, Luciano Rosso , Sebastián Pérez Echegaray
Édition vidéo : Hermes Gaido
Régie vidéo : Hermes Gaido
Habillage : Luciano Rosso , Alfonso Barón
Régie générale : Hermes Gaido
Mis en ligne le 22 octobre 2022
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