Entête

DEUX FRÈRES

 

Théâtre de Belleville,
94 rue du Faubourg-du-Temple (16 passage Piver)
75011 Paris 
01 48 06 72 34

Jusqu’au 31 mai 2022.
Lundi 19h, mardi 19h, dimanche 17h

 

Deux frères loupe

 

 

Il s'agit ici d'un texte d'un jeune auteur italien. C'est une pièce curieuse et forte.

Elle nous présente un jeune couple dans sa cuisine, s'embrassant, buvant de la bière et dansant. Lev et Erika s'aiment. Enfin, ils se s'aiment pas, ils s'affectionnent, Erika remet vite les choses au point. On ne sait et on ne saura rien de ces personnages, leur histoire, leurs occupations, où tout ceci se passe, même et c'est très bien.

Arrive alors le troisième larron, le frère de Lev, Boris.

En une suite se scènes souvent tendues, l'auteur nous brosse alors un tableau de leur cohabitation... difficile. Erika est instable, ne respecte pas la moindre règle. Boris apparaît plus formaliste, calme mais ferme. Il n'accepte pas le "rapport aux objets" d'Erika. En même temps, et une discussion éclaire ce point, Boris critique la relation d'Erika avec son frère Lev. On est intrigué.

Un repas catastrophique les réunit tous les trois. Quelque chose va casser.

Tout ceci est rythmé par les jours qui s'écoulent et surtout des lettres "dictées" à leur mère par les deux hommes. Lettres où rien n'est dit, hormis leur attachement pour elle.

Lev craque. Il manque de tuer Erika. Est-ce pour cela qu'il décide de partir en s'engageant dans l'armée ? Toujours est-il que voici Boris et Erika cohabitant à deux à présent. Ce qui doit arriver arrive, un rapprochement entre eux. Et un jour Lev revient.

On ne saurait résumer (ou réduire) cette pièce très bien écrite dans sa fausse banalité, à une histoire à trois avec un personnage féminin inconstant qui passerait de l'un à l'autre. C'est cela et bien plus. Les personnages sont de jeunes adultes qui se méfient de leurs sentiments, tout en jouant avec. Ils sont inscrits dans une médiocrité assumée. Leurs préoccupations sont dérisoires... mais elles les maintiennent debout. Ils entrent, sortent, peuvent s'adonner au jeu de la vérité ou du mensonge. Les répliques claquent. Erika déambule jambes nues ou en pantalon. Elle marche à l'instinct. Elle voudrait peut-être avoir l'ascendant et mener chacun des deux hommes par le bout du nez mais tout ceci ne finira pas bien, c'est le moins qu'on puisse dire.

Décor sobre, mise en scène au cordeau, la pièce est efficace. Hugo Randrianatoavina est juste. Ines Tavrytsky hérite d'un personnage complexe et s'en sort bien. Fine et intelligente interprétation d'Arnaud Tardy dans le rôle du frère aîné.

Gérard Noël

 

Deux frères

Texte : Fausto Paravidino.
Mise en scène : Olivia Murrieri

Interprétation : Hugo Randrianatoavina, Arnaud Tardy et Ines Tavrytsky

Collaboratrice artistique : Nina Bellester
Scénographie : Laetitia Yturbe
Création lumière et régie générale : Olivia Murrieri
Fabrication des décors : Nelbi Léon et Simon Laborde
Création lumières : Moïra Dalant