Entête

DEMAIN, LA REVANCHE

 

Théâtre Antoine
14 Bd de Strasbourg
75010 Paris
01 42 08 77 71

Jusqu’au 31 décembre,
du mardi au samedi à 21h.
Matinée samedi à 18h et dimanche à 16h.

 

Demain, la revanche loupe

 

 

 Dans le film Alberto express, Arthur Joffé imaginait un vieil homme qui poursuivait son fils adulte, en lui brandissant le liste (à rembourser) de toutes les dépenses qu'il avait faites pour lui. On n'en est pas loin avec la pièce de Sébastien Thiéry.

Mais n'anticipons pas.

Comme souvent, dans cet intérieur bourgeois, des personnages vont se trouver face à un problème a priori insoluble; En tout cas étrange, perturbant : c'est ce qui arrive à ce couple, Jean-Marc et Laurence. Leur grand fils les réveille à 4 heures du matin, et entre, tout mouillé, porteur d'un gros sac à dos empli de pierres. Il semble avoir perdu la mémoire et se croit (alors qu'il a 35 ans) sur le point de passer son bac.

C'est du Sébastien Thiéry. Finement tricoté. On rit mais on s'interroge... on suppute, on cherche une issue à ce méli-mélo.

Dommage que ce premier acte finisse un peu en eau de boudin, mais la suite de la pièce est tout à fait passionnante, puisque le fils (qui a retrouvé bon sens et malice) est en fait venu demander des comptes à ses chers parents, des comptes au sens propre...

Nous ne révèlerons pas la fin de l'histoire, bien sûr, avec son énigmatique dernière phrase, qui dit tout et rien et qui, surtout, ne s'imposait pas vraiment.

Sachez que tout ceci ne manque ni de drôlerie ni, surtout, de cruauté : l'auteur aurait-il réussi son Qui a peur de Virginia Woolf à lui ? On n'est pas loin de le penser, tant la manipulation, le jeu avec les sentiments et le cynisme règnent en maîtres sur tout le reste de la pièce.

Décor astucieux et mobile, sans surprise : on passe de l'entrée avec cuisine à la salle à manger avec vue sur l'entrée. Bon. La mise en scène de Ladislas Chollat se coule dans les intentions de l'auteur. Point n'est besoin d'en rajouter : tout est net et inspiré. Il en est de même pour la direction d'acteur, laquelle se met au service du texte, c'est bien le moins. Jean-Luc Moreau hésite entre abattement et colères et celles-ci sont bien réjouissantes.

Nuancé, fin, le jeu de Brigitte Catillon est un régal.

Mais la surprise numéro un, c'est Gaspard Proust : ce quadra est tout à fait crédible en trentenaire, voire en grand ado. C'est dire la qualité de son interprétation. On oublie le stand-upper et le chroniqueur pour  trouver un comédien.

Le flyer annonce : « Une comédie qui fera du bien à ceux qui ont des problèmes à régler avec leurs parents ou avec leurs enfants. C'est-à-dire tout le monde ».

On ne saurait mieux dire.

Gérard Noël

 

Demain, la revanche

de Sébastien Thiéry.
Mise en scène : Ladislas Chollat

Avec : Gaspard Proust, Brigitte Catillon, Jean-Luc Moreau

Assistant à la mise en scène : Éric Supply
Costumes : Jean-Daniel Vuillermoz
Décors : Emmanuelle Roy

Lumières : Alban Sauvé

Musique : Fréféric Norel