Entête

CE SILENCE ENTRE NOUS

 

Théâtre Ouvert (petite salle)
159 av. Gambetta,
75020 Paris
01 42 55 55 50

Jusqu’au 12 décembre 2021,
Mardi, mercredi à 19h, jeudi, vendredi, samedi à 20h, dimanche à 16h.
Relâche le 6 décembre.

 

Ce silence entre nous loupe

Photo © Christophe Raynaud de Lage

 

Mihaela Michailov, jeune dramaturge roumaine, a écrit sept monologues, traitant de la question de la maternité et des relations mère-fille. De la transmission, aussi.

Étrange début : une scène nue ou presque et trois silhouettes vêtues de noir qui se glissent. Il y a cette comédienne roumaine qui parle dans sa langue et dont les propos sont traduits, en presque simultané par une autre comédienne. L'idée est intéressante, mais les deux comédiennes jouent... et différemment, au lieu que la "traductrice" se limite à nous donner un sens. Cela dit, nous faisons corps, ainsi, avec la langue même dans laquelle ces textes ont été écrits.

La mise en scène est minimaliste : Bruce Clarke, plasticien, a réalisé des toiles, fort belles. Une grande partie de l'activité des comédiennes va consister à monter des portants sur lesquels tendre les toiles ;à les faire tourner, à les masquer. Ceci parfois au détriment  de l'interprétation et de la compréhension.

Ces sept femmes (avec la Vierge Marie elle-même, en invitée) ne sont peut-être pas suffisamment différenciées : on objectera qu'elles sont unies dans leur condition de femme et leur problématique, mais ce qui est présenté offre parfois peu de prise aux spectateurs. On reste un peu sur sa faim, tout en soulignant le travail réalisé : travail des comédiennes sur le texte et pertinence des mots de Mihaela  Michailov.

On retiendra cette jeune femme qui peut aller à la Fac' grâce à l'argent de sa mère... et ses grossesses à répétion, dont certaines se passent mal.

Et ces mots énoncés par un personnage : « Ta mère a dit un jour : sois une bonne fille, sois une  bonne épouse, sois une bonne mère, pieuse, patiente, dévouée (...) Le jour où ta mère t'a dit ce que sa mère lui avait dit, tu avais un casque sur les oreilles, tu écoutais Bjork, Mother Heroïc et tu n'as pas entendu ce que tu étais censée entendre et tu n'es pas devenue ce que tu étais censée devenir. »

Et puis cette autre qui ne veut pas d'enfant, il faut oser le clamer si nettement.

Cette femme qui a cinquante ans, puis soixante, qui perd ses parents, cette autre, dans un compte à rebours correspondant à l'heure prévue de l'accouchement. On évoque aussi la maladie d'Alzeimer.

Les deux comédiennes sont acccompagnées d'une troisième, à la fois comédienne et violoniste : cela donne lieu à des morceaux joués, ainsi qu'à des chansons plutôt bien venues. Pour finir, ce  spectacle a le mérite d'affirmer (ou de tenter de le faire) une approche originale : à la fois dans la mise en scène, dans les éclairages du début de la pièce. Et dans la façon de présenter, loin des clichés qui peuvent aller avec, des voix de femmes, des témoignages ...

On ne peut pas ne pas le reconnaître.

Gérard Noël

 

Ce silence entre nous

de Mihaela Michailov. Traduction : Alexandra Lazarescou
Mise en scène : Matthieu Roy

Distribution franco-roumaine : Ysanis Padonou, Iris Parizot, Katia Pascariu

Collaboration artistique : Johanna Silberstein
Plasticien : Bruce Clark
Lumières : Manuel Desfeux
Costumes : Alex Costantino
Espaces sonores : Grégoire Leymarie
Construction décors : Thomas Elsendoorn, Alain Pinochet