Entête

BIQUES

 

Théâtre 13 – Glacière
103 A Boulevard Auguste Blanqui
75013 Paris
01 45 88 62 22

Jusqu’au 24 mars 2023.
Du lundi au vendredi à 20h, le samedi à 18h.

 

Biques loupe

Photo © Simon-Gosselin

 

Biques, nous précise-t-on, clôt la trilogie  (Mon Olympe, Yourte, Biques) et ces trois spectacles explorent des groupes militants.

Les bons sentiments font-ils les bonnées pièces ? peut-on se demander, parodiant Gide ?

La réalité est bien sûr plus complexe. Et le ressenti également.

Soit donc, un EHPAD, joliment nommé "Les Magnolias". Dès le début, nous voici dans l'ambiance : on fête le départ à la retraite d'une soignante et le public, bien sûr, est incité à lui faire une ovation.

Vives, avisées, conviviales, les comédiennes (neuf en tout) font corps avec leurs personnages. On reconnaît la directrice dépassée, la stagiaire, voire les anciennes, blanchies sous le harnais et la résidente (Violette) qui est partante pour tout. D'emblée on y est. Où ? C'est un peu ce qu'on se demande : sous des airs réalistes, le texte accumule pas mal de clichés sur les horaires de travail, la pénibilité du travail, les relations avec les résidentes (il n'y a que des femmes) voire les états d'âme d'une femme amenée à mettre sa vieille mère en EHPAD.

Malgré cette énergie sur scène et la fluidité de la mise en scène, on pense à une suite de sketches. Le hic, au-delà des bonnes intentions, c'est le jeu des comédiennes (les mêmes) incarnant les personnes âgées : si certaines s'en sortent plutôt bien, ayant capté une façon de bouger voire de parler ou de ne pas entendre, d'autres donnent carrément dans la caricature.

Au bout d'un moment, l'intrigue se noue : le méchant maire (un nommé Morin) veut déménager Les Magnolias loin du centre, dans un coin très mal desservi. L'occasion pour ces femmes de faire front : on est alors dans la thématique, avec ces élans toujours sympathiques, cette mobilisation à laquelle on ne peut que souscrire.

Notons que les entretiens avec le maire se font hors scène. Pourquoi pas ? Nous avons alors droit aux commentaires et réactions avec un nouveau débat... forcément un peu foutraque mais enthousiaste. Et qui finit en numéro dansé.

La fin mérite davantage qu’on s'y arrête : c’est une confrontation, sur la chaîne télé régionale entre le méchant Morin et la directrice de l'Epahd, soutenue par toute la bande. Là, il se passe quelque chose qui dépasse l'anecdotique et les blagues un peu faciles. On est dans l'émotion et les deux autrices ont l'élégance de conclure sans conclure.

Au final, un spectacle qui n'est pas L'atelier de Grundberg, loin de là, mais qui se hisse, peu à peu, à l'arraché, à la hauteur de ses ambitions premières.

Gérard Noël

 

Biques

de Gabrielle Chalmont-Cavache et Marie-Pierre Nalbandian
Mise en scène : Gabrielle Chalmont-Cavache

Avec : Claire Bouanich, Sarah Coulaud, Louise Fafa, Lawa Fauquet, Marie-Pascale Grenier, Carole Leblanc, Maud Martel, Taïdir Ouazine et Jeanne Ruff

Collaboration à l'écriture : Marina Tomé
Création lumière : Emma Schler
Scénographie : Lise Mazeaud
Conception vidéo : Jonathan Schupak
Création musicale : Balthazar Ruff
Chorégraphie : Marion Gallet assistée de Louise Fafa
Costumes : Sarah Coulaud