Entête

ADN

 

Théâtre de la Tempête, la Cartoucherie,
route du Champ-de-Manœuvre
75012 Paris
01 43 28 36 36

Jusqu’au 19 mars 2023,
du mardi au samedi à 20h30.
Dimanche : 16h30

Et au Théâtre Lepic, le 21 mars à 21h et le 22 à 19h.

ADN loupe

 

 

On pourrait trouver des analogies aux origines de cette pièce, dans Sa majesté des mouches de Golding ou encore La ferme des animaux d'Orwell, pour le thème du personnage pris comme bouc émissaire.

Ici, un lieu, au milieu de nulle part : on comprend qu'on est dans la rue ou un parc. Un banc occupe la place centrale et John, un jeune homme, y trône. Cathie, une jeune fille, en survêt' de rigueur et bonnet se désole : «  C'est la merde, c'est vraiment la merde. On a fait une connerie ! »

Et les deux d'épiloguer sur ce thème.

On apprend au fur et à mesure la raison de cette panique  : ils ont persécuté un de leurs amis (Adam), lequel a fini par tomber de la grille où ils l'avaient contraint à monter. Mort probable, d'où leurs mains rouges (symbole imité de Lady Macbeth !) et leur culpabilité.

Léa, autre amie, qui était de la partie, survient : débat houleux sur ce qu'il convient de faire. Les trois peinent à communiquer et plus encore à se comprendre. Heureusement Phil, leur mentor, une sorte de chef de bande intello et patelin, a un plan, lequel consiste à faire accuser une autre personne, « un gros postier, tiens, avec des dents pourries ».  Abus de précautions nuit et les soupçons vont converger vers un VRAI postier, arrêté dans la foulée. On sent le non-retour, le passage pour ces jeunes vers l'âge des responsabilités.

L'auteur, Dennis Kelly, ne donne pas dans le tiède, l'anodin : une de ses précédentes pièces évoquait le suicide d'un père par crucifixion et un nouveau-né trouvé dans les ordures.

Ici, c'est la culpabilité qui le préoccupe ainsi que ce phénomène de fascination pour un gourou, un chef. Phil joue ce rôle "en creux". Tout passe par l'attirance des autres pour lui et son indiscutable "influence".

La pièce est forte et courte, à peine 1h15.

L'auteur, dans un long monologue,  fait un parallèle entre bonobos et chimpanzés et leur différence d'ADN. Ses personnages ne rêveraient que de câlins et d'amour et les voilà chimpanzés, agressifs et sans pitié.

Marie Mahé, metteuse en scène et interprète fait un travail sobre et signifiant : tout passe, même si on peut déplorer au passage qu'un même comédien interprète deux rôles différents.

Léa Luce Busato (Léa) et Achille Reggiani (John, ce soir-là) incarnent à merveille ces personnages tiraillés entre adolescence et gravité adulte. Quant à Maxime Boutéraon, le rôle de Phil lui sied parfaitement : il est anti-cliché, d'un charisme noir et discret. Sa façon d'énoncer : « C'est moi qui commande. Tout le monde est plus heureux comme ça. Qu'est-ce qui est le plus important; une seule personne ou bien tout le monde ? » fait froid dans le dos.

Gérard Noël

 

ADN

De Dennis Kelly.
Traduction : Philippe Le Moine
Adaptation et mise en scène : Marie Mahé.

Avec : Maxime Boutéraon, Léa Luce Busato, Marie Mahé,

Tigran Mekhitarian et Achille Reggiani (en alternance)

Scénographie : Marie Mahé, Isabelle Simon
Costumes : Marie Mahé
Lumières : Edith Biscaro
Artiste peintre : Ymanol Persel
Régie : Yann Médélec, Jean-Louis Portail