Entête

UN MONDE FOU

 

Lucernaire
53 rue N.D des Champs
75006 Paris
01 45 44 57 34

Jusqu’au 24 novembre,
 du mardi au samedi à 21h,
le dimanche à 18h au

 

Un monde fou loupe 

 

Un seul en scène. Encore ! Va-t-on dire.

Celui-ci est particulier, c'est même un tour de force, à la fois dans l'écriture et dans le jeu. Qu'on en juge : Éric Métayer y campe une trentaine de personnages différents et nous conte l'histoire de Sam, acteur au chômage qui se retrouve préposé aux réservations, dans le sous-sol d'un grand restaurant. Il y  a, bien sûr, de la virtuosité, le comédien, très doué, jonglant avec les sonneries (extérieures et intérieures) les personnages, le chef, la collègue, le responsable des réservations prétenduement en panne de voiture, le propre père de Sam... son agent artistique, plus nombre de clients tous plus énervés et exigeants les uns que les autres.

Cette œuvre a été créée en 1999 à New-York. Elle a, depuis, connu un succès international. Éric Métayer l'a déjà jouée en 2007, création qui lui valut un Molière.

Le dispositif est simple : des cartons, assortis d'une gigantesque pancarte (on comprendra par la suite son sens exact) un siège et une table qui contient un certain nombre de boutons imaginaires qui relient Sam au monde extérieur.

Le comédien fait preuve d'un métier incroyable. Sa technique est bluffante et l'on "voit" littéralement, les différents personnages qu'il incarne : Métayer  a fait de l'impro, il sait oser des caricatures gestuelles, singulariser, d'un trait, d'une attitude, d'un accent, tel ou tel personnage et on y croit, mieux, on le retrouve instantanément, quand le spectacle le fait intervenir à nouveau.

La pièce, osons cette réserve, connaît une ou deux longueurs. Ce qui a toutes les allures d'un sketch, au départ, se déploie sur une heure et demie.

Mais on y suit, conquis, amusé, ou franchement hilare, les péripéties qui s'abattent une à une (et parfois plusieurs à la fois) sur la tête du pauvre Sam. À un moment, le vent tourne, les enjeux se précisent et on passera volontiers sur le côté légèrement artificiel du dénouement. On aura apprécié au passage des personnages touchants, comme celui du père et goûté des séquences-choc comme celle du homard rétif ou celle de la dame coincée dans sa voiture sous la pluie (avec le toit coulissant ouvert).

Beaucoup d'occasions de rire et d'être sous le charme, donc, pour ce spectacle qui ne ressemble pas aux autres.

Gérard Noël

 

Un monde fou

de Becky Mode
Basé sur des personnages de Becky Mode et Mark Setlock
Adaptation : Attica Guedj et Stephan Meldegg

Interprétation et jeu : Éric Métayer